Ratisbonne
Ratisbonne Regensburg |
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Héraldique |
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Administration | ||
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Pays | Allemagne | |
Land | Bavière | |
District (Regierungsbezirk) |
Haut-Palatinat (Oberpfalz en allemand) | |
Arrondissement (Landkreis) |
Ratisbonne (ville-arrondissement) | |
Nombre de quartiers (Ortsteile) |
18 | |
Bourgmestre (Bürgermeister) |
Joachim Wolbergs | |
Partis au pouvoir | SPD | |
Code postal | 93001, 93059 | |
Code communal (Gemeindeschlüssel) |
09 3 62 000 | |
Indicatif téléphonique | 0941 | |
Immatriculation | R | |
Démographie | ||
Population | 157 234 hab. (2012) | |
Densité | 1 947 hab./km2 | |
Géographie | ||
Coordonnées | 49° 01′ 00″ Nord 12° 06′ 00″ Est | |
Altitude | 326-471 m | |
Superficie | 8 076 ha = 80,76 km2 | |
Localisation | ||
Liens | ||
Site web | www.regensburg.de | |
Fin 2012, la ville comptait 157 234 habitants1. Elle est ainsi, par la taille, la quatrième ville de Bavière après Munich, Nuremberg et Augsbourg.
Depuis le 13 juillet 20062, la vieille-ville médiévale de Ratisbonne ainsi que le quartier de Stadtamhof sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. La ville est le siège d'un évêché catholique. Au Moyen Âge, de par sa situation géographique, la cité possédait un rôle important dans les échanges commerciaux entre l'Italie, la Bohême, la Russie et Byzance. Elle était lieu de rencontre de nombreuses civilisations et fut très marquée par l'influence des patriciens, dont les tours d'habitation (les plus hautes au nord des Alpes) sont encore visibles aujourd'hui.
De nos jours, la ville est très orientée vers l'industrie manufacturière (construction automobile, génie mécanique, électrotechnique, microélectronique) et le taux de chômage ( 2,9% en décembre 2013) se situe en-dessous du niveau régional (3,7% à la même période3).
Sommaire
- 1 Toponymie
- 2 Armoiries
- 3 Géographie
- 4 Histoire
- 4.1 Origines
- 4.2 Du camp romain à la cité fortifiée (An 79 – Vesiècle)
- 4.3 La cité ducale (500-739)
- 4.4 Du diocèse à la cité épiscopale (739-1200)
- 4.5 Ratisbonne, ville libre d'empire(1200-1492)
- 4.6 Un siècle de transformations (1492-1594)
- 4.7 Un regain d'importance : Ratisbonne, siège de la Diète d'Empire (1594-1806)
- 4.8 Une ville de second plan (1806-1933)
- 4.9 Ratisbonne sous le nazisme (1933-1945)
- 4.10 Après 1945
- 5 Religions
- 6 Musées et Monuments
- 7 Gastronomie
- 8 Économie
- 9 Personnalités
- 10 Transports
- 11 Jumelages
- 12 Distinctions
- 13 Notes
- 14 Bibliographie
- 15 Voir aussi
Toponymie
Le nom français de la ville repose sur son nom celtique Ratisbona, d'où Ratisbonne. rate ou ratis signifie en celtique « muraille, rempart », d'où « fort » (cf. Argentorate, ancien nom de Strasbourg). Il faut lire rāte ou rātis, car l'homographe ratis, fougère, se lit rătis (cf. breton raden). Le second élément bona signifie « fondation, ville » (cf. Juliobona, Vindobona, Augustobona).Le nom allemand de Regensburg est formé sur celui de la rivière Regen, auquel est adjoint l'appellatif Burg, qui signifie « château, fort »
Armoiries
Les clés croisées sont l'attribut de Saint Pierre, le Saint patron de la ville. Sa présence dans les armoiries de la ville remonte au moins au XIIe siècle siècle. On trouve le blason actuel dès 1398 dans des recueils d'armoiries, et il est utilisé comme filigrane à partir de 1549 par les moulins à papier de Ratisbonne.Géographie
Situation géographique
Ratisbonne se trouve sur le point le plus septentrional du Danube et à l'embouchure de deux de ses affluents, la Regen et la Naab. Deux îles du Danube se trouvent sur le territoire de la ville : la Untere Wöhrd et la Obere Wöhrd. Le quartier de Stadtamhof se trouvait à l'origine sur la rive nord du Danube, mais fut transformé en île par la construction du Canal de l'Europe,le canal permettant aux bateaux de contourner la vieille ville. Quatre zones naturelles très différentes se rencontrent sur le territoire de la ville :- Le Jura franconien ;
- La Forêt de Bavière ;
- La plaine du Danube, respectivement la plaine de lœss de Basse-Bavière (Gäuboden) et
- La zone de collines de Basse-Bavière datant du tertiaire.
Communes voisines
Les villes et communes suivantes, qui appartiennent toutes à l'arrondissement de Ratisbonne, sont voisines de Ratisbonne4. Elles sont listées dans le sens des aiguilles d'une montre en commençant au nord : Lappersdorf, Zeitlarn, Wenzenbach, Tegernheim, Barbing, Neutraubling, Obertraubling, Pentling, Sinzing et Pettendorf.Climat
Le climat de Ratisbonne est de type continental, assez sec, ce qui le différencie du climat des régions alpines, qui est plus humide. Les brouillards sont fréquents en automne et en hiver, de même que la présence d'une couche fermée de neige. La température moyenne annuelle est de 8,0 °C, la moyenne annuelle de précipitations est de 636 mmMois | Janv | Fév | Mars | Avr | Mai | Juin | Juil | Août | Sept | Oct | Nov | Déc | Année |
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Températures minimales moyennes (°C) | -3.6 | -3.1 | 0,5 | 3,2 | 7,8 | 10,9 | 12.8 | 12,6 | 9,3 | 4.9 | 0,6 | -2,0 | 4.5 |
Températures maximales moyennes (°C) | 1.2 | 3,4 | 9,1 | 13,9 | 19,4 | 21,9 | 24,1 | 24,2 | 19,3 | 12,7 | 5,6 | 2,4 | 13,2 |
Moyennes mensuelles de précipitations (mm) | 40,8 | 34,1 | 39,2 | 38,6 | 57 | 80,8 | 81,4 | 64,7 | 52,1 | 48,8 | 48,5 | 50 | 636 |
Jours avec précipitations (>1 mm) | 9,0 | 7,9 | 8,5 | 8,0 | 9,6 | 11,3 | 11,3 | 9,5 | 8,3 | 7,7 | 9,9 | 10,4 | 9,3 |
Source = DWD; wetterkontor.de |
Histoire
Origines
Ratisbonne est une des plus anciennes villes d'Allemagne et possède un passé riche en événements, comme le prouve la multitude de noms que la cité a porté depuis presque deux millénaires. Le nom Radaspona est apparu pour la première fois dans la littérature vers 770, dans une œuvre d'Arbeo von Freising. Il est néanmoins issu d'appellations celtes plus anciennes. C'est de cette appellation que découle le nom français actuel.Du camp romain à la cité fortifiée (An 79 – Vesiècle)
Cette région du Danube est habitée depuis l'âge de pierre, de nombreuses découvertes archéologiques autour de la ville le démontrent. Plusieurs tombes celtes datant de 400 avant J.-C. furent par ailleurs découvertes début 2006 non loin des murs de l'ancien camp romain. L'histoire romaine de Ratisbonne débute en 79 après J.-C. avec la construction d'un premier camp sur le site de l'actuel quartier de Kumpfmühl. Ce camp servait de poste d'observation de l'embouchure de deux affluents du Danube, la Regen et la Naab, il était protégé par des palissades de bois puis par un mur de pierre. Dans ce camp étaient stationnées des troupes d'appoint : soit une cohorte montée de 500 soldats, soit une cohorte de 1000 soldats à pied. Autour de ce camp se forma rapidement une petite cité. Les restes d'une tour de guet romaine furent découverts près de l'embouchure de la Naab.Le camp et la petite cité furent détruits vers 165 lors des guerres marcomanes.Après avoir repoussé les Marcomans vers 170, Marc Aurèle ordonna la construction d'un nouveau camp, Castra Regina, Sa construction débuta vers 175. Il fut construit en pierre, protégé par des murs de 10m de haut, 4 portes et de nombreuses tours. Les contours du camp et quelques restes des murailles sont encore visibles par endroits aujourd'hui, et une partie de la Porta Praetoria (porte nord de ce camp) est incorporée dans un bâtiment médiéval. L'inscription de l'inauguration du camp en 179 dans une pierre ornant la porte est du camp est considérée comme preuve de la fondation de la ville. La IIIe légion Italique était stationnée dans le camp. Le camp fut abandonné par les troupes au cours des invasions barbares du V. siècle, il fut transformé en cité fortifiée.
La cité ducale (500-739)
À l'époque mérovingienne, Ratisbonne, capitale des Bavarii, était la résidence des Agilolfing, premiers ducs de Bavière. Ratisbonne était alors une cité de première importance pour le duché bavarois.Du diocèse à la cité épiscopale (739-1200)
En 739 saint Boniface, l'apôtre de la nation allemande, y établit un évêché soumis au droit canonique, c'est-à-dire à l'évêque de Rome. La même année, le duc Odilon réalisa la division du diocèse de Bavière en quatre diocèses (Ratisbonne, Passau, Freising et Salzbourg) aux frontières bien définies. Après sa victoire sur le duc Tassilon III, Charlemagne passa deux hivers consécutifs (791-793) à Ratisbonne pour s'assurer personnellement de l'incorporation de la Bavière (et donc de Ratisbonne) au royaume de Francie. Louis II de Germanie, alors roi de Bavière (825-840), réattribua à la ville le rôle de centre administratif qu'elle avait perdu sous Charlemagne. Par le traité de Verdun de 843, Ratisbonne intégra le royaume de Francie orientale et en devint une des cités les plus importantes. Les deux derniers rois carolingiens de Francie orientale, Arnulf de Carinthie († 899) et Louis IV de Germanie († 911), furent enterrés aux côtés d'Emma de Bavière (l'épouse de Louis II de Germanie) à l'abbaye Saint-Emmeran, qui était un cloître aux portes de la ville.En 954, Ludolphe de Souabe, fils d'Otton Ier du Saint-Empire se retira à Ratisbonne après sa défaite lors du soulèvement contre son père. Après un siège de la ville qui dura plusieurs mois, elle fut finalement prise et incendiée par le frère d'Otton, Henri Ier de Bavière. Ludolphe parvint à s'enfuir. La ville atteignit son apogée politique et économique au XIIe/XIIIe siècle, quand elle se trouvait au carrefour de grandes routes commerciales importantes, reliant notamment Paris, Venise, Kiev. Ratisbonne était alors une des cités les plus peuplées et les plus riches d'Allemagne. De cette époque date la Steinerne Brücke (pont de pierre de 310 m de long enjambant le Danube construit entre 1135 et 1146). Le pont est le symbole de l'ascension de l'administration bourgeoise citadine : l'empereur Barberousse accorda en 1182, sur pression des citoyens de la ville et du constructeur Herbord, le privilège de pouvoir lever de manière autonome des taxes sur les marchandises circulant sur le pont. De facto, la gestion des affaires de la ville était ainsi placée entre les mains de l'administration locale.
En mai 1147, Conrad III de Hohenstaufen partit de Ratisbonne pour mener la deuxième croisade. De même, Frédéric Barberousse choisit la cité en mai 1189 pour lancer la troisième croisade. La situation stratégique et la présence d'un passage fortifié sur le Danube furent probablement la raison du choix de Ratisbonne.
Ratisbonne, ville libre d'empire(1200-1492)
En 1207 et 1230, les rois du Saint-Empire romain germanique Philippe de Souabe et Frédéric II du Saint-Empire accordèrent d'importants privilèges à la cité, connus sous le nom de Philippinum et de Fridericianum. Ceux-ci permirent l'ascension de la ville et l'obtention du rang de ville libre d'Empire (Freie Reichsstadt), qui lui conférait une certaine autonomie politique. C'est le 10 novembre 1245 que l'empereur Fréderic II l'octroya à Ratisbonne. En conséquence, les ducs de Bavière quittèrent la ville pour s'installer à Landshut. Avec l'ascension des citoyens de Ratisbonne grâce aux richesses liées aux échanges commerciaux florissants débuta le conflit entre la ville de Ratisbonne et le duché de Bavière. De nombreux monuments sont témoins de la richesse de la ville : la cathédrale gothique (consacrée en 1276), l'Altes Rathaus (ancien hôtel de ville) et les tours patriciennes.Cependant, après des décennies de déclin économique, Ratisbonne est rattachée au duché de Bavière-Munich en 1486. Elle perd son rang de ville libre d'Empire en 1492.Un siècle de transformations (1492-1594)
Après des troubles intérieurs en 1500, le Roi des Romains et futur empereur Maximilien Ier intervint et appliqua une constitution (la Regimentsordnung) à la ville. Modifiée en 1514, elle reste formellement valable jusqu'en 1803. En 1519, lors d'un pogrom, la communauté juive, la plus grande d'Allemagne à l'époque, fut chassée de la ville. Les habitants profitèrent de la transition de pouvoir après la mort de Charles Quint pour détruire l'ancien quartier juif. En 1524, lors du convent de Ratisbonne, la première alliance de cités de croyance catholique de l'empire fut conclu. Au cours des siècles suivants, de nombreuses diètes impériales (Reichstage) y eurent lieu. La diète de 1541, à laquelle participèrent les humanistes Philippe Mélanchthon et Bucer, tenta de trouver un compromis entre catholicisme et Réforme, sans succès. En 1542, Ratisbonne passa officiellement à la religion réformée (comme la plupart des villes libres d'Empire) à la suite d'un conflit entre le conseil de la ville et l'Église, mais elle resta en même temps le siège de l'évêché catholique, de sorte que les deux confessions coexistaient.Un regain d'importance : Ratisbonne, siège de la Diète d'Empire (1594-1806)
Alors que la Diète d'Empire siégeait dans différentes villes, elle siège à partir de 1594 uniquement dans l'hôtel de ville de Ratisbonne puis n'est plus dissoute à partir de 1663, devenant diète perpétuelle. Des délégations venus de toute l'Europe assistaient alors aux réunions des princes impériaux, elles logeaient de façon permanente dans la ville, notamment dans les bâtiments de la Gesandtenstraße (littéralement « rue des émissaires »), dont une grande partie est restée inchangée depuis. Néanmoins, cette importance politique ne permit pas un nouveau décollage économique de la ville, les délégations étant exemptées de toutes taxes et impôts.Pendant la guerre de trente ans la ville accueillit un grand nombre de réfugiés protestants, notamment autrichiens. En 1633, la ville fut conquise par des troupes suédoises sous le commandement de Bernard de Saxe-Weimar, puis reconquise en 1634 par des troupes de l'Empire et de Bavière. En 1684, une trêve y fut conclue entre Louis XIV et l'empereur Léopold Ier.
En 1748, le Maître général des postes Alexander Ferdinand von Thurn und Taxis fut nommé Prinzipalkommissar par l'Empereur, il était donc son représentant à la Diète d'Empire. Pour cette raison, il transféra la résidence de sa famille de Francfort à Ratisbonne. En 1803, la ville perdit son statut de ville libre d'Empire et fut rattachée à la principauté de Ratisbonne. C'est aussi en 1803 que l'Empire fut bouleversé par le recès d'Empire (Reichsdeputationshauptschluss) : Les principautés ecclésiastiques disparurent, ainsi que 45 villes libres sur 51. Cela se fit sous la pression des troupes françaises, qui avaient pris possession de la ville depuis 3 ans. Bonaparte était le successeur de l'électeur de Mayence après la Diète d'Empire de 1802. L'empire disparut définitivement en 1806 avec l'abdication de François Ier.
Une ville de second plan (1806-1933)
Durant la guerre de la Cinquième Coalition, la ville fut prise par l'armée autrichienne le 20 avril 1809. Le 21, les troupes françaises reprirent la ville durant la Bataille de Ratisbonne. De nombreuses maisons furent détruites ou pillées lors de la bataille. En 1810, la ville fut annexée par le nouveau Royaume de Bavière créé par Napoléon. L'économie de la ville, peu florissante auparavant, fut durement touchée, Ratisbonne devint peu à peu une ville de second rang. Même après la connexion au réseau ferroviaire en 1859, peu d'entreprises s'installèrent à Ratisbonne. Néanmoins, la ville garda une relative importance en tant que siège administratif et chef-lieu du Haut-Palatinat. La construction du port en 1910 permit un essor économique important, notamment par l'importation de pétrole extrait en Roumanie. Rapidement, une extension de la zone portuaire s'imposa, les infrastructures étant trop petites pour suivre la croissance des échanges : le bassin portuaire fut agrandi (sa longueur passa de 220m à 800m) entre 1919 et 1923 et une zone du port était désormais entièrement réservée aux produits inflammables. En 1924, le rattachement de 7 communes à la ville (Reinhausen, Sallern, Schwabelweis, Stadtamhof, Steinweg, Weichs et Winzer) fait augmenter la population de la ville de plus de 20,000 habitants, elle passe de 52.520 en 1919 à 76.948 en 19255 Durant la Première Guerre mondiale, le principal camp de prisonniers de la Bavière était situé à Ratisbonne.Ratisbonne sous le nazisme (1933-1945)
Le bourgmestre de Ratisbonne, Otto Hipp, du parti populaire bavarois, fut démis de ses fonctions le 20 mars 1933. Fervent opposant du NSDAP, il avait interdit aux membres du parti d'utiliser des bâtiments publics. Il fut remplacé par Otto Schottenheim le jour-même. Le 12 mai 1933 eut lieu un autodafé. Le 9 novembre 1938, au cours de la nuit de cristal, la synagogue du Brixener Hof fut incendiée et détruite, et les magasins tenus par des juifs pillés. Le 2 avril 1942, 106 Juifs de Ratisbonne furent transportés de la place de la synagogue détruite à Piaski, puis aux camps d'extermination de Bełżec et de Sobibor. D'autres déportations eurent lieu vers Auschwitz et Theresienstadt. Au total, environ 250 des Juifs déportés de Ratisbonne furent assassinés, 230 purent s'enfuir de la ville. Deux camps, situés à Stadtamhof et Obertraubling, étaient rattachés au camp de Flossenbürg.À partir de 1940, 638 personnes furent déportés du Bezirksnervenkrankenhaus de la rue Ludwig-Thoma vers la Tötungsanstalt Hartheim, un centre d' « euthanasie » des personnes handicapées au cours de l'Aktion T4. Plus de 500 autres subirent une stérilisation contrainte. En automne 1942, la Gestapo arrêta une trentaine de personnes d'origines politiques diverses (NSDAP, KPD, BVP) pour agissements subversifs et leur donna le nom de Neupfarrplatzgruppe, du nom de la place sur laquelle ils se rencontraient à intervalles irréguliers. Deux membres de ce groupe, Josef Bollwein et Johann Kellner, furent exécutés le 12 août 1943 à la prison de München-Stadelheim, d'autres furent déportés à Flossenbürg ou emprisonnés.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ratisbonne fut touchée par les bombardements alliés. Ces derniers visaient principalement l'usine Messerschmitt située à l'extérieur de la ville, notamment lors de l'Operation Double Strike du 17 août 1943. Des bâtiments de la Reichsbahn étaient également visés. Au total, près de 3000 personnes, dont de nombreux prisonniers de guerre, périrent lors de ces bombardements. Quelques bâtiments historiques, comme la Stiftskirche Obermünster furent totalement détruits, d'autres gravement endommagés, comme la Alte Kapelle ou la Neue Waag.
Siège du Gauliga du Haut-Palatinat, la ville était au centre des rivalités entre responsables nazis durant le mois d'avril 19456 : le Gauleiter Fritz Wächtler siégeant à Bayreuth, s'était replié dans un premier temps sur Ratisbonne ; à la suite d'un rapport malveillant du Kreisleiter de Ratisbonne, Ludwig Ruckdeschel, il fut exécuté sur ordre de Berlin7. Aussitôt nommé Gauleiter, Ludwig Ruckdeschel annonça par radio qu'il souhaitai défendre la ville jusqu'au bout face aux alliés6; à la suite de quoi un millier de personnes environ, parmi elles beaucoup de femmes, mené par le religieux Johann Maier se rassembla, pour imposer la reddition de la ville6. Ruckdeschel réprima le mouvement en pendant le 24 avril ceux qu'il estimait responsables de cette tentative de sédition, c'est-à-dire Johann Maier, le citoyen Josef Zirkl et le policier Michael Lottner, avant de prendre la fuite la veille de la prise de la ville par les troupes américaines, le 26. Le 27 avril, des émissaires livrèrent la villes aux troupes alliées8 et la 3e armée américaine prit possession de la ville.
Après 1945
Après la guerre s'implantèrent diverses entreprises, surtout du secteur automobile (BMW, Continental) et de l'industrie électronique (Siemens, AEG, Toshiba), ce qui donna une impulsion nouvelle à la région. De même, la fondation de la 4e université bavaroise dans la ville en 1967 a contribué au développement de Ratisbonne, qui compte aujourd'hui plus de 20 000 étudiants. Bien avant d'être élu pape, Joseph Ratzinger y a été professeur de théologie de 1969 à 1977.Religions
L'évêché de Ratisbonne a été fondé en 739 par Boniface de Mayence. De nombreux couvents ont été fondés dans les années qui suivirent. Le diocèse de Ratisbonne faisait alors partie de la province ecclésiastique de Mayence. Il a ensuite été rattaché à l'archidiocèse de Salzbourg. Au début du XIIIe siècle, les Schottenklöster en Allemagne furent réunies en une seule congrégation dont le supérieur était l'abbé du monastère écossais de Ratisbonne. Ils entretinrent des liens culturels étroits avec Cashel en Irlande. La ville introduisit la Réforme à partir de 1528 (la première eucharistie publique eut lieu le 15 octobre 1542). Toutefois, comme le siège épiscopal et de nombreux couvents qui n'appartenaient pas à la ville elle-même demeuraient catholiques, la confession catholique resta représentée dans la ville. Elle devint même la confession dominante à la suite d'une immigration nombreuse.Musées et Monuments
Édifices religieux
- Cathédrale St-Pierre (Dom St-Peter). La construction de la cathédrale commença vers 1273, sur le modèle des cathédrales gothiques françaises. Le site avait déjà abrité de nombreux édifices religieux depuis plus de 500 ans. L'édifice fut achevé vers 1525, mais les flèches ne furent ajoutées qu'entre 1859 et 1869, ce qui marqua la fin des nombreuses transformations architecturales du bâtiment. Aujourd'hui, la cathédrale, visible de loin, est le symbole de la vieille ville de Ratisbonne.
- Ancienne chapelle (Alte Kapelle). Ancienne basilique Notre-Dame de l'époque carolingienne, la chapelle fut complètement transformée au XVIIIe siècle dans le style rococo : les deux doubles oratoires du chœur, le splendide retable, les peintures du plafond et les stucs dorés dus à l'école de Wessobrunn, se conjuguent en un ensemble harmonieux.
- Église St-Jacques (Schottenkirche St-Jacob). Protégé par une verrière, le portail de l'église dite des Écossais - fondée par des moines bénédictins irlandais en 1090 - est un chef-d'œuvre de l'art roman (1183).
- Abbaye Saint-Emmeran (Kloster Sankt Emmeram ou Reichsabtei Sankt Emmeram). Une abbaye bénédictine fut construite à Ratisbonne dès 739, mais fut détruite plusieurs fois par des incendies. Le bâtiment actuel date de 16429, la décoration intérieure, de style rococo, fut ajoutée entre 1731 et 1733. En 1810, les bâtiments du monastère attenant furent vendus à la famille Thurn und Taxis, qui en fit sa résidence. L'église est une des rares en Allemagne à posséder un campanile.
Monuments civils
- Pont de pierre (Steinerne Brücke). Construit entre 1135 et 1146, ce pont long de 310 mètres et reposant sur seize arches constitue un tour de force architectonique. Il relie la vieille ville et le quartier de Stadtamhof. Seules quelques rares villes d'origine romaine avaient entrepris de telles constructions. Le pont, à l'époque seul passage fortifié du Danube sur de nombreux kilomètres, permit à Ratisbonne d'acquérir une position centrale dans les échanges commerciaux entre l'Italie florissante et une grande partie des régions au nord-est des Alpes, notamment la Bohême et les régions Slaves. Une des trois tours de fortification médiévales, située à l'entrée du pont du côté de la vieille ville, est entièrement conservée.
- La résidence des Thurn und Taxis. L'ancien cloître de Sankt Emmeran fut racheté en 1810 par la maison princière, qui fit agrandir les bâtiments dès 1812 par Jean-Baptiste Métivier. Malgré le fait que la famille l'utilise encore comme résidence, on peut visiter les salles d'apparat et le couvent(qui ne fut pas modifié lors des travaux d'agrandissement). Le Marstall attenant accueille une collection de calèches. La famille organise chaque année un marché de Noël dans les jardins du palais et la cour intérieure10.
- L'ancien hôtel de ville (Altes Rathaus). Le bâtiment, qui fut construit en partie au milieu du XIII. siècle, a une architecture semblable à celles des maisons des patriciens, très influents à l'époque11. Il fut utilisé dès 1594 pour accueillir à intervalles irréguliers la Diète d'Empire, et de façon permanente la Diète perpétuelle d'Empire de 1633 à 1806. Encore utilisé aujourd'hui (notamment pour célébrer des mariages), le bâtiment abrite l'office de tourisme de Ratisbonne et le Le Reichstagsmuseum.
Musées
- Le musée historique (Historisches Museum). Situé sur le Dachauplatz, ce musée retrace l'histoire de la ville et de la région depuis l'Âge de Pierre jusqu'à nos jours. Il abrite notamment une collection de vestiges romains et médiévaux, ainsi que plusieurs maquettes, cartes, tableaux représentant la cité au fil des âges.
- Le Reichstagsmuseum. Cette exposition permanente, qui se trouve dans les bâtiments de l'ancienne mairie (Altes Rathaus), présente le Saint-Empire romain germanique et son influence sur l'histoire allemande et européenne. On peut y visiter une chambre de torture conservée en son état original.
- La maison de décès de Johannes Kepler (Kepler Gedächtnishaus). On peut y visiter le lieu de résidence de la famille Kepler et découvrir quelques documents originaux de l'astronome ainsi que des instruments et plusieurs appareils montrant les modèles de mouvement des planètes.
- La Fürstliche Schatzkammer Thurn und Taxis et le Marstallmuseum. Situé dans les anciennes écuries du château de la famille Thurn und Taxis, il abrite d'une part plusieurs carrosses de la famille, d'autre part une collection importante d'orfèvreries, de porcelaine, d'horloges et de fusils.
- La Ostdeutsche Galerie. Ce musée abrite une collection de peintures d'artistes allemands d'Europe centrale et de l'est.
Gastronomie
Située au bord du Danube, la Historische Wurstküche, autrefois cantine des ouvriers des chantiers de la cathédrale et du pont de pierre, est encore en activité aujourd'hui. Elle propose la spécialité locale, la Bratwurst bavaroise, accompagnée de Händlmaier's süßer Hausmachersenf, une moutarde franche au goût sucré et fumé, spécialité de la ville. De nombreuses auberges et brasseries de longue tradition, comme le Hofbräuhaus, proposent des spécialités bavaroises (notamment le Schweinebraten, un rôti de porc) et des bières brassées sur place.Économie
Le décollage économique de Ratisbonne après la Seconde Guerre mondiale commença relativement tard. La haute école spécialisée et la fondation de l'université en 1967 formèrent les bases d'un développement économique très dynamique, renforcé par l'implantation d'une série de grandes entreprises. En juin 2006, le taux de chômage se situait à 6,2 %, soit au-dessous de la moyenne bavaroise. En décembre 2013, ce taux se situait à 2,9%, toujours en-dessous de la moyenne régionale. Avec 720 places par 1000 habitants, Ratisbonne dispose par ailleurs de la seconde plus haute densité de places de travail en Allemagne, juste derrière Francfort.En 2005, 32 844 personnes travaillaient dans les services, 30 387 dans des industries de transformation, 11 365 dans le commerce, 6 147 dans différentes administrations des collectivités territoriales, 4 607 dans le secteur des médias et des transports, 3 220 dans celui du crédit et des assurances, 2 458 dans la construction, 75 dans l'agriculture et les activités forestières et 1 192 dans d'autres domaines. L'industrie de transformation - qui comprend la construction automobile, l'électrotechnique, la construction de machines, la production de sucre et de denrées alimentaires - forme la colonne vertébrale économique de la ville. De nombreuses entreprises exportatrices possèdent un site de production à Ratisbonne : BMW, Siemens, Osram, Toshiba, Bosch, Maschinenfabrik Reinhausen, Infineon, Continental.
Personnalités
Nées à Ratisbonne
Du IX. au XVII. siècle
- Barbara Blomberg (1527–1597), amante de l'empereur Charles Quint.
- Juan de Austria (1547–1578), commandant de l'armada espagnole.
- Gregor Aichinger (1564–1628), compositeur.
- Georg Christoph Eimmart (1638–1705), mathématicien, astronome et graveur.
- Christoph Ludwig Agricola (1667–1719), peintre.
- Georg Andreas Agricola (1672–1738), médecin et botaniste.
XVIII. siècle
- Karl Alexander von Thurn und Taxis (1770–1827), prince de Thurn und Taxis.
- Johann Nepomuk Mälzel (1772–1838), inventeur et mécanicien.
- Carl Weishaupt (1787–1853), officier bavarois et ministre de la guerre sous Maximilien II de Bavière.
XIX. siècle
- Maximilian Karl von Thurn und Taxis (1802–1871), prince de Thurn und Taxis.
- Ludwig Carl Christian Koch (1825–1908), médecin et arachnologue.
- Adolf Oberländer (1845–1923), peintre et dessinateur.
- Albert von Thurn und Taxis (1867–1952), prince de Thurn und Taxis.
- Hugo Obermaier (1877–1946), préhistorien.
- Herman Sörgel (1885–1952), architecte.
- Karl Zimmet (1895–1969), résistant munichois.
- Hans Rheinfelder (1898–1971), linguiste.
XX. siècle
- Alfons Goppel (1905–1991), homme politique membre de la CSU.
- Hubert Markl (* 1938), zoologue et président de la Société Max-Planck de 1996 à 2002.
- Walter Röhrl (* 1947), pilote automobile.
- Jürgen Herrlein (* 1962), avocat et historien.
- Andrea Maria Schenkel (* 1962), écrivaine.
- Albert von Thurn und Taxis (* 1983), pilote automobile et prince héritier de la Maison de Thurn und Taxis.
- Simone Laudehr (* 1986), footballeuse.
Ayant résidé à Ratisbonne
- Benoît XVI, professeur de théologie à l'Université de Ratisbonne de 1969 à 1977, il est citoyen d'honneur de la ville depuis 2006.
- Albrecht Altdorfer, peintre et graveur de la Renaissance.
- Johannes Kepler, mathématicien et astronome.
- Albertus Magnus, naturaliste et chimiste.
Transports
La ville de Ratisbonne forme, avec son échangeur autoroutier et sa gare centrale, un nœud ferroviaire et routier en Bavière orientale.Chemins de fer
Ratisbonne a été, jusque dans les années 1970, le siège d'une direction des chemins de fer et un point d'intersection pour les trains à longue distance. La Deutsche Bahn dessert la ligne Nuremberg - Ratisbonne - Passau - Vienne avec un Eurocity toutes les deux heures. Cette ligne était, jusqu'à l'ouverture du Canal Rhin-Main-Danube en 1992, le plus gros axe d'entrée de marchandises en Allemagne.Ratisbonne souffrit de la suppression des trains Interzones et de l'introduction des trains Interregios. Seuls des trains régionaux desservent désormais les lignes Ratisbonne - Landshut - Munich, Ratisbonne - Weiden in der Oberpfalz - Hof et Ratisbonne - Ingolstadt - Ulm. À partir de ce moment, Ratisbonne ne fut plus un point d'intersection pour les trains à longue distance. Les lignes régionales pour Alling et Falkenstein avaient elles été supprimées dans l'immédiat après-guerre déjà.
Transports publics urbains
Les transports publics de Ratisbonne (Regensburger Verkehrsverbund, RVV) desservent 81 lignes de bus. Les 346 bus de la compagnie ont parcouru 13 242 000 km en 201212. Au début des années 1980, le projet de percer un tunnel pour les bus dans la vieille ville échoua.Entre 1903 et 1964, la ville disposait d'un petit réseau de tram. À son apogée, à la veille de la Seconde guerre mondiale, le réseau comptait quatre lignes et 12.3 kilomètres de voies. Il a été progressivement démantelé - comme dans de nombreuses autres villes européennes - entre 1955 et 1964.
Actuellement, un projet de construction d'un réseau RER est à l'étude. Des tracés ont déjà été libérés et des constructions ont été aménagées à cet effet.
Grandes routes
Le recul du rail s'est accompagné d'une revalorisation des liaisons routières. Jusque dans les années 1980, toutes les autoroutes débouchaient sur des routes nationales autour de Ratisbonne. Dans les temps qui suivirent, la ville a été reliée progressivement au réseau autoroutier.Autoroutes :
- Autoroute no 3 : Wurtzbourg - Nuremberg - Ratisbonne - Passau
- Autoroute no 93 : Hof - Weiden - Ratisbonne - Kiefersfelden
- Route nationale no 8 : Wurtzbourg - Nuremberg - Ratisbonne - Passau
- Route nationale no 15 : Hof - Schwandorf - Ratisbonne - Rosenheim
- Route nationale no 16 : Roding - Ratisbonne - Ingolstadt - Füssen
- Route nationale no 15n : Ratisbonne - Landshut - Wasserburg - Rosenheim
Canal européen Rhin-Main-Danube
Le port fluvial de Ratisbonne est, avec un trafic total de 8 002 000 tonnes en 2013, le plus grand port de Bavière. Sa situation sur le Canal européen Rhin-Main-Danube en fait l'un des plus de transit entre les ports de la Mer du Nord et l'Europe de l'Est.Routes cyclables à longue distance
Ratisbonne est à l'intersection de plusieurs routes cyclables à longue distance : la route du Danube, qui va des sources du Danube à Budapest, la route Waldnaabtal/Naabtal qui conduit de Bärnau à Ratisbonne, la route du Regental qui va de Ratisbonne à Eisenstein, la route des Limes, qui conduit de Bad Hönningen à Ratisbonne et, enfin, la route Falkenstein-Festpiel-Chambtal, qui va de Ratisbonne à Furth im Wald.Jumelages
La ville de Ratisbonne est jumelée avec13 :- Aberdeen (Écosse) depuis 1955
- Bressanone (Italie) depuis le
- Budavár (Hongrie)
- Clermont-Ferrand (France) depuis le
- Odessa (Ukraine) depuis 1990
- Plzeň (République tchèque) depuis 1993
- Qingdao (Chine) depuis
- Tempe (États-Unis) depuis 1978
Distinctions
En 1997, la ville est lauréate du prix de l'Europe14.Notes
- [1]
- [2]
- Bundesagentur für Arbeit: Statistik
- Voir la carte sur le site officiel du Landkreis, consultée le 18 mai 2008.
- [3]
- Ian Kershaw, La Fin, p. 438.
- Ian Kershaw, La Fin, p. 414.
- Ian Kershaw, La Fin, p. 439.
- [4]
- [5]
- [6]
- Regensburger Verkehrsbund - Données de services (consulté le 09/03/2007)
- Partnerstädte
- http://assembly.coe.int/Committee/ENA/EuropaPrize/50thAnniversary/EuropePrizeMap.asp
Bibliographie
- Ian Kershaw, La Fin, Allemagne, 1944-1945, Paris, Éditions du Seuil, , 665 p. (ISBN 978-2-02-080301-4)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
La cathédrale Saint-Pierre de Ratisbonne appelée communément cathédrale de Ratisbonne (Dom St. Peter en allemand), est la plus grande église de la ville de Ratisbonne, dans le land de Bavière, en Allemagne et la cathédrale du diocèse de Ratisbonne. L'église constitue le premier exemple d'architecture gothique en Allemagne méridionale.
Elle est mondialement connue pour son chœur de garçons, créé il y a un millénaire : les Regensburger Domspatzen (en français, les « Moineaux de la cathédrale de Ratisbonne »). De 1964 à 1994, son chef de chœur a été le frère aîné de Joseph Ratzinger, à une époque membre du chœur et devenu pape en 2005 sous le nom de Benoît XVI.
Discours de Ratisbonne
Le discours de Ratisbonne est un discours que le pape Benoît XVI a tenu sur le rapport entre la raison et la foi, intitulé Foi, raison et université - Souvenirs et réflexions, à l’université de Ratisbonne en Allemagne, où il avait été professeur. Le , Benoît XVI entame un discours sur les rapports entre la religion et la violence,
pour faire une condamnation claire et motivée de la violence exercée au
nom de la religion. Une citation du discours déclenche de vives
réactions politiques et religieuses dans le monde, majoritairement
négative dans les pays musulmans, plutôt positive dans les pays
occidentaux prenant la défense du pape au nom du dialogue religieux et
de la liberté d'expression, sauf en « France ou l'on revient à plusieurs
reprises sur la déclaration controversée que le pape avait faite à
Ratisbonne concernant la religion musulmane. On considère le voyage du
pape en Turquie à la fois comme un risque à prendre mais aussi comme une
occasion de réconciliation ». (Voir article usherbrooke.)
Par la déclaration Nostra Ætate du concile Vatican II sur les rapports avec les autres religions, l’Église ouvre le dialogue en misant surtout sur les croyances communes des grandes traditions religieuses. Cette ouverture s’était par exemple concrétisée par les journées de prière commune à Assise. Le caractère sans condition de cette attitude d’ouverture avait été critiquée au sein même de la curie romaine, en particulier par le cardinal Ratzinger alors qu’il était préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Ce dernier avait obtenu que l’on dise des responsables religieux qu’ils étaient réunis à Assise "ensemble pour prier" et non pour "prier ensemble", soulignant ainsi que pour la théologie catholique, le sens de la prière chrétienne n’était pas réductible à celui des autres religions.
Auteur du catéchisme de l'Église, il avait publié quelques années plus tôt la déclaration Dominus Iesus qui réaffirmait l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Église. L’une de ses plus vives critiques déjà adressées à l’islam est qu’elle est incompatible avec la démocratie.
Quelques commentateurs ont souligné le rôle central que la notion de disputatio (débat entre théologiens de religions différentes) tenait dans cette histoire relatée par le pape. Ces débats (parfois appelés « controverses ») étaient une pratique fréquente de l’Église à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance. Il y en eut d’organisé avec des juifs, des musulmans, des cathares… La scène historique relatée par le pape rappelle une époque où les autorités de deux religions pouvaient dialoguer rationnellement de leur religion respective, sans recourir à la violence pour défendre leur foi: le siège de Constantinople qui sert de toile de fond est une guerre politique, non religieuse. Par contraste, cette scène souligne les difficultés actuelles d’une critique de l’islam fondée sur la raison.
Jusqu’à la déclaration de Ratisbonne, la position de l’Église catholique a été[réf. nécessaire] de ne faire aucun geste qui puisse entraîner des difficultés pour les minorités chrétiennes en pays islamiques (en Palestine, Iran, Irak, Turquie, Copte en Égypte…). La déclaration de Ratisbonne marque également une rupture par rapport à cette stratégie.
De fait, en sus des manifestations hostiles, les chrétiens des pays islamistes ont effectivement payé le prix de cette nouvelle politique : sept églises attaquées dans les territoires palestiniens mi-septembre3, et une religieuse, sœur Leonella Sgorbati, assassinée en Somalie4.
Mais ces exactions ont été condamnées par de nombreuses autorités, y compris des dirigeants de l’islam. Ces commentaires ont souligné que face à des accusations de violence, l’islam ne pouvait pas répondre par la violence, acceptant ainsi de placer le débat sur le terrain proposé par le pape.
Quelques jours auparavant, le pape avait d'ailleurs tenu des propos analogues devant la Commission théologique internationale. Pour lui, la loi naturelle et les dix commandements constituent "la base d’une éthique universelle" qui vaut pour "toutes les consciences des hommes de bonne volonté, laïques ou appartenant à des religions différentes" En outre, les dix commandements se résument dans les deux "plus grands", celui de l’amour de Dieu et celui de l’amour du prochain: "la soumission à Dieu, source et juge de tout bien, et le sens de l’autre comme égal à soi"45.
Il ironise enfin sur la question de la liberté de parole et de ton dans le système médiatique contemporain46 :
Michel Orcel dans De la dignité de l'islam. Examen et réfutation de quelques thèses de la nouvelle islamophobie chrétienne, Bayard, Paris, 2011, replace le Discours de Ratisbonne dans le contexte d'un renouveau de l'« islamophobie chrétienne ».
Douglas Murray (en), critique du fondamentalisme islamique, souligne à l'occasion du cinquième anniversaire du discours de Ratisbonne en septembre 2011, le faible impact que ce texte aura finalement eu. Au contraire, selon cet auteur, « des années d'intimidation et de violence ont fini par réduire au silence non seulement toute critique de l'Islam, mais aussi toute critique de la violence commise au nom de l'Islam contre des Chrétiens ». Il qualifie cette situation d'un des « grands échecs moraux de notre temps »48.
Sommaire
Discours de Benoît XVI
Résumé
Le discours de Foi, raison…, citant aussi bien la pensée juive et grecque que la théologie protestante et l’athéisme moderne, traitait principalement de la chrétienté et de ce que le pape Benoît appelle la tendance à « exclure la question de Dieu » de la raison. L’islam n’est abordé que dans une partie du discours (trois paragraphes). Le pape cite des critiques fortes qu’il décrit comme « étonnamment abrupte »1 et d’une « rudesse assez surprenante »2. Dans les trois paragraphes, situés au début du discours, Benoît XVI cite et discute un argument fait par l’empereur byzantin Manuel II Palaiologos tiré d’un dialogue qu’il avait avec un érudit persan en 1391 à propos du jihad, mais aussi sur des commentaires faits par Théodore Khoury, qui publia récemment le dialogue de l’empereur auquel le Souverain Pontife se référait. Benoît XVI utilise l’argument de Manuel II pour décrire une distinction entre le point de vue chrétien, tel que l’exprime Manuel II, selon laquelle « ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu » et du point de vue de l’islam, comme l’explique Khoury, que Dieu transcende les concepts tels que la rationalité.Les paragraphes qui traitent de l’islam
Paragraphe 1 -Paragraphe 2 -« Tout cela me revint en mémoire récemment à la lecture de l’édition publiée par le professeur Théodore Khoury (Münster) d’une partie du dialogue que le docte empereur byzantin Manuel II Paléologue, peut-être au cours de ses quartiers d’hiver en 1391 à Ankara, entretint avec un Persan cultivé sur le christianisme et l’islam et sur la vérité de chacun d’eux. L’on présume que l’empereur lui-même annota ce dialogue au cours du siège de Constantinople entre 1394 et 1402 ; ainsi s’explique le fait que ses raisonnements soient rapportés de manière beaucoup plus détaillée que ceux de son interlocuteur persan. Le dialogue porte sur toute l’étendue de la dimension des structures de la foi contenues dans la Bible et dans le Coran et s’arrête notamment sur l’image de Dieu et de l’homme, mais nécessairement aussi toujours à nouveau sur la relation entre — comme on le disait — les trois « Lois » ou trois « ordres de vie » : l’Ancien Testament — le Nouveau Testament — le Coran. Je n’entends pas parler à présent de cela dans cette leçon ; je voudrais seulement aborder un argument — assez marginal dans la structure de l’ensemble du dialogue — qui, dans le contexte du thème « foi et raison », m’a fasciné et servira de point de départ à mes réflexions sur ce thème. »
Paragraphe 3 -« Dans le septième entretien (dialexis — controverse) édité par le professeur Khoury, l’empereur aborde le thème du djihad, de la guerre sainte. Assurément l’empereur savait que dans la sourate 2, 256 on peut lire : « Nulle contrainte en religion ! ». C’est l’une des sourates de la période initiale, disent les spécialistes, lorsque Mahomet lui-même n’avait encore aucun pouvoir et était menacé. Mais naturellement l’empereur connaissait aussi les dispositions, développées par la suite et fixées dans le Coran, à propos de la guerre sainte. Sans s’arrêter sur les détails, tels que la différence de traitement entre ceux qui possèdent le « Livre » et les « incrédules », l’empereur, avec une rudesse assez surprenante qui nous étonne, s’adresse à son interlocuteur simplement avec la question centrale sur la relation entre religion et violence en général, en disant : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait ». L’empereur, après s’être prononcé de manière si peu amène, explique ensuite minutieusement les raisons pour lesquelles la diffusion de la foi à travers la violence est une chose déraisonnable. La violence est en opposition avec la nature de Dieu et la nature de l’âme. « Dieu n’apprécie pas le sang — dit-il —, ne pas agir selon la raison, sun logô, est contraire à la nature de Dieu. La foi est le fruit de l’âme, non du corps. Celui, par conséquent, qui veut conduire quelqu’un à la foi a besoin de la capacité de bien parler et de raisonner correctement, et non de la violence et de la menace… Pour convaincre une âme raisonnable, il n’est pas besoin de disposer ni de son bras, ni d’instrument pour frapper ni de quelque autre moyen que ce soit avec lequel on pourrait menacer une personne de mort… »
(Dans la suite de son discours (12 paragraphes), le pape parle des relations entre la Foi catholique et la raison, en particulier la philosophie hellénistique. Il n’est plus question de l’islam ni de la violence, par contre la citation de Manuel II « Ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu. » revient à deux reprises.)« L’affirmation décisive dans cette argumentation contre la conversion au moyen de la violence est : ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu. L’éditeur Théodore Khoury commente : pour l’empereur, un Byzantin qui a grandi dans la philosophie grecque, cette affirmation est évidente. Pour la doctrine musulmane, en revanche, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, fût-ce celle du raisonnable. Dans ce contexte, Khoury cite une œuvre du célèbre islamologue français R. Arnaldez, qui explique que Ibn Hazn va jusqu’à déclarer que Dieu ne serait pas même lié par sa propre parole et que rien ne l’obligerait à nous révéler la vérité. Si cela était sa volonté, l’homme devrait même pratiquer l’idolâtrie. »
Constat
- Le pape Benoît XVI, en relatant dans son discours une controverse de la fin du Moyen Âge (fin XIVe siècle) entre l’empereur de Constantinople Manuel II Paléologue et un érudit musulman persan, a provoqué une polémique, ayant été compris, dans certains milieux musulmans, comme critiquant le jihad (la "guerre sainte") et le Prophète. Dans cette transcription on peut comprendre que Dieu, qui est amour, ne peut voir la vraie foi se répandre par la guerre (le Jihad) et la violence.
- Le pape Benoît XVI est accusé d’avoir lié la foi musulmane à la violence.
- Le 14 septembre, le Vatican rappelle dans une déclaration officielle que « (…) le Saint-Père souhaite cultiver une attitude de respect et de dialogue envers les autres religions et cultures, et de toute évidence aussi l’islam », et que ce discours était « un refus clair et radical de la motivation religieuse de la violence ».
Interprétation et enjeux
Au sein de l’Église, la critique du faux irénisme a été tout d’abord développée dans l’encyclique Humani Generis de Pie XII. Le point de doctrine est d’exiger un dialogue franc qui va au-delà des malaises et des vaines concessions. Benoît XVI ne se pose pas en critique de ses prédécesseurs ou de Vatican II ; en lançant le défi du dialogue à ses interlocuteurs, il veut aller au cœur du débat, qui pour lui a autant d’enjeux culturels que religieux.Par la déclaration Nostra Ætate du concile Vatican II sur les rapports avec les autres religions, l’Église ouvre le dialogue en misant surtout sur les croyances communes des grandes traditions religieuses. Cette ouverture s’était par exemple concrétisée par les journées de prière commune à Assise. Le caractère sans condition de cette attitude d’ouverture avait été critiquée au sein même de la curie romaine, en particulier par le cardinal Ratzinger alors qu’il était préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Ce dernier avait obtenu que l’on dise des responsables religieux qu’ils étaient réunis à Assise "ensemble pour prier" et non pour "prier ensemble", soulignant ainsi que pour la théologie catholique, le sens de la prière chrétienne n’était pas réductible à celui des autres religions.
Auteur du catéchisme de l'Église, il avait publié quelques années plus tôt la déclaration Dominus Iesus qui réaffirmait l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Église. L’une de ses plus vives critiques déjà adressées à l’islam est qu’elle est incompatible avec la démocratie.
- Foi et raison
Quelques commentateurs ont souligné le rôle central que la notion de disputatio (débat entre théologiens de religions différentes) tenait dans cette histoire relatée par le pape. Ces débats (parfois appelés « controverses ») étaient une pratique fréquente de l’Église à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance. Il y en eut d’organisé avec des juifs, des musulmans, des cathares… La scène historique relatée par le pape rappelle une époque où les autorités de deux religions pouvaient dialoguer rationnellement de leur religion respective, sans recourir à la violence pour défendre leur foi: le siège de Constantinople qui sert de toile de fond est une guerre politique, non religieuse. Par contraste, cette scène souligne les difficultés actuelles d’une critique de l’islam fondée sur la raison.
- Relation entre catholicisme et islam
Jusqu’à la déclaration de Ratisbonne, la position de l’Église catholique a été[réf. nécessaire] de ne faire aucun geste qui puisse entraîner des difficultés pour les minorités chrétiennes en pays islamiques (en Palestine, Iran, Irak, Turquie, Copte en Égypte…). La déclaration de Ratisbonne marque également une rupture par rapport à cette stratégie.
De fait, en sus des manifestations hostiles, les chrétiens des pays islamistes ont effectivement payé le prix de cette nouvelle politique : sept églises attaquées dans les territoires palestiniens mi-septembre3, et une religieuse, sœur Leonella Sgorbati, assassinée en Somalie4.
Mais ces exactions ont été condamnées par de nombreuses autorités, y compris des dirigeants de l’islam. Ces commentaires ont souligné que face à des accusations de violence, l’islam ne pouvait pas répondre par la violence, acceptant ainsi de placer le débat sur le terrain proposé par le pape.
Mises au point du Vatican
Déclaration officielle du secrétaire d'État
Tarcisio Bertone, le nouveau secrétaire d’État du Saint Siège, a fait une déclaration le 16 septembre 2006, expliquant que « La position du pape sur l’islam est, sans équivoque, celle exprimée par le document Nostra Aetate » et que « l’opinion du pape en faveur du dialogue interreligieux et interculturel est absolument sans équivoque » Le souverain pontife était « absolument désolé » de voir ses propos interprétés comme offensants pour l’islam.« Quant au jugement de l'empereur byzantin Manuel II Paléologue, qu'il a cité dans son discours de Ratisbonne, le Saint-Père n'a pas entendu et n'entend absolument pas le faire sien, mais il l'a seulement utilisé comme une occasion pour développer, dans un contexte universitaire et selon ce qui apparaît après une lecture complète et attentive du texte, certaines réflexions sur le thème du rapport entre religion et violence en général et conclure à un refus clair et radical de la motivation religieuse de la violence, de quelque côté qu'elle provienne. (...) Le Saint-Père est donc vivement désolé que certains passages de son discours aient pu apparaître comme portant offense à la sensibilité des croyants musulmans et aient été interprétés d'une manière absolument non conforme à ses intentions. D'autre part, face à la religiosité fervente des croyants musulmans, il a mis en garde la culture occidentale afin qu'elle évite "le mépris de Dieu et le cynisme qui considère la dérision du sacré comme un droit de la liberté"5. »
Déclarations du pape
- Castel Gandolfo, le 17 septembre 2006, le pape déclare de sa résidence d’été :
« Je suis vivement attristé par les réactions suscitées par un bref passage de mon discours (…) considéré comme offensant pour la sensibilité des croyants musulmans alors qu’il s’agissait d’une citation d’un texte médiéval qui n’exprime en aucune manière ma pensée personnelle (…). J’espère que la déclaration, samedi, de mon secrétaire d’État contribuera à apaiser les esprits et à clarifier le sens véritable de mon discours qui (…) était une invitation au dialogue franc et sincère avec un grand respect réciproque. »
- Benoît XVI a évoqué, place-Saint Pierre pour l’audience générale, son récent séjour bavarois. Il a fait le récit de son étape à Munich, dont il fut le pasteur, puis de celle au sanctuaire marial d’Altötting et enfin de sa rencontre avec les universitaires de Ratisbonne devant les fidèles rassemblés.
« Ce ne fut pas seulement un retour vers son passé, mais aussi une belle occasion d’envisager l’avenir avec espérance (…). Celui qui croit n’est jamais seul (…) nous devons réfléchir sur notre appartenance de baptisés à l’Église du Christ, dans laquelle personne n’est jamais seul, mais en communion permanente avec Dieu et les frères (…). J’avais choisi pour ce discours les rapports entre la foi et la raison. Pour introduire mes auditeurs dans la dramatique actualité du sujet, j’ai cité un passage d’un dialogue du XIVe siècle où l’empereur chrétien Manuel II présente à son interlocuteur musulman, d’une manière incompréhensiblement abrupte le lien entre religion et violence.
C’est malheureusement cette citation qui a pu prêter méprise. Il est pourtant clair à une lecture attentive de mon texte que je n’entendais absolument pas faire mienne l’opinion négative du souverain byzantin, et que ce jugement polémique n’exprimait pas mes convictions. Mon intention était toute différente. À partir de ce que Manuel Paléologue dit ensuite de positif sur la raison qui doit présider à la transmission de la foi, je désirais expliquer que ce ne sont pas la religion et la violence qui vont de pair, mais bien la religion et la raison.
Le thème de ma leçon était bel et bien le lien entre la foi et la raison. En cela, je voulais inviter au dialogue entre la foi chrétienne et le monde moderne, ainsi qu’avec toutes les cultures et religions. J’ose espérer que durant les diverses phases de mon séjour bavarois, notamment à Munich où j’ai souligné l’importance de respecter ce qui est sacré pour autrui, on aura perçu mon profond respect pour les grandes religions, et notamment pour les Musulmans qui adorent le Dieu unique et avec lesquels les Catholiques se sont engagés à défendre et promouvoir de concert la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté pour tous les hommes.
J’espère donc qu’après des réactions immédiates, les propos tenus à l’université de Ratisbonne puissent constituer un encouragement supplémentaire à un dialogue fructueux, et même critique, entre religions comme entre la raison moderne et la foi des chrétiens6. »
Réactions par ordre chronologique
Les chefs religieux
Musulmans
- Tariq Ramadan, nommé à une chaire d'études islamiques contemporaines à l'Oriental Faculty de l'Université d'Oxford, a déclaré : « [..] La plupart n’avait pas lu le texte, beaucoup se suffisaient d’un compte-rendu très approximatif qui stipulait que le pape avait associé l’islam à la violence mais tous dénonçaient "l'inadmissible injure". Quel que soit le jugement des savants ou des intellectuels sur les propos du Pape, on eut aimé que ceux-ci s’en tiennent à une attitude raisonnable quant à l’exposition de leurs critiques et ce pour deux raisons. On sait que certains gouvernements instrumentalisent ce type de crise pour laisser s’exprimer les frustrations populaires. Quand on a privé le peuple de ses droits fondamentaux et de sa liberté d’expression, il ne coûte rien de laisser ce dernier exprimer sa colère contre les caricatures danoises ou les propos du Pontife. Dans les faits, on assiste à des mouvements populaires de protestation dont la caractéristique première est un débordement émotionnel absolument incontrôlé. Ces masses en ébullition donnent l’impression qu’on ne débat pas chez les musulmans et que le verbe agressif et la violence sont davantage la règle que l’exception. Il est de la responsabilité des intellectuels musulmans de ne pas jouer à ce jeu dangereux et tout à fait contre productif7 ».
- Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman et recteur de la Mosquée de Paris, réclame initialement une clarification. Par la suite, il considère que la mise au point du Vatican, qu’il salue « avec optimisme », répond à cette demande.[réf. nécessaire]
- le recteur de la mosquée de la porte d’Aix, Mohand Alili, relativise l’importance accordée aux propos tenus par Benoît XVI à Ratisbonne, estimant que le pape « défend ce qu’il est. Alors c’est aux musulmans de dire : “voilà ce que nous sommes”. Je ne vois pas pourquoi on va créer un système de polémique », poursuivant : « je ne vois pas pourquoi les musulmans s’en prennent au pape au lieu de s’en prendre aux leurs, (…) [à ceux] qui ont décrédibilisé l'islam »8.
- Youssef al-Qaradâwî, une religieux égyptien très connu dans le monde musulman à la tête de l'Association des érudits islamiques a dit : « Nos mains sont tendues et notre religion appelle à la paix, non pour la guerre, pour l'amour pas la haine, à la tolérance, et non pour le fanatisme, pour se connaître les uns les autres et non pas pour renier l'autre. nous condamnons cela et nous aimerions avoir des explications sur ce qui était sous-entendu. Nous appelons le Pape, le pontife, à s'excuser auprès de la nation islamique, car il a insulté notre religion et son prophète, sa foi et sa loi, sans aucune justification9 ».
- Mohammed Tantaoui, savant renommé de l'Université Al-Azhar au Caire, a transmis la position de l'université comme quoi les commentaires du Pape sur l'islam « indiquent une ignorance claire » de la religion et « attribut à l'islam ce qu'il ne contient pas »10.
- Mohammed Mahdi Akef (en), guide spirituel des Frères musulmans, exige du pape des « excuses personnelles » et appelle les gouvernements musulmans à menacer de rompre leurs relations avec le Vatican11
- Le grand mufti d'Arabie saoudite `Abdul `Aziz al-Cheikh a accusé le pape de « mensonge ». Il indique que « ces propos prouvent l’impossibilité de toute réconciliation entre les religions »12.
- Le religieux saoudien Salman al-`Awda (en) exhorte les musulmans à se « dresser » contre le Vatican, à cause de la « haine cachée dans le cœur du pape »12.
- Ahmad Khatami (en), l'un des clercs les plus influents de l'Iran a demandé au Pape de « tomber à genoux en face d'un haut dignitaire religieux musulman et essayer de comprendre l'islam »13.
- Aga Khan IV, chef de la branche Nizari Ismaélite de l'islam a dit : « J'ai deux réactions face à la déclaration du pape : Cela me préoccupe car je redoute une dégradation des relations entre chrétiens et musulmans et, en même temps, je vois une possibilité, une occasion de parler d'un problème important et grave : la relation entre la foi et la logique »14.
- Muhammad Abdul Bari du Muslim Council of Britain a déclaré qu’« on aurait espéré d’un chef religieux tel que le pape d’agir et de parler avec responsabilité et de rejeter le point de vue de l’empereur byzantin dans l’intérêt de la vérité et de rapport harmonieux. Il est regrettable que le pape n’a pas agi de la sorte et cela a tout naturellement provoqué beaucoup de consternation et de tourment. »15
- Le grand mufti sunnite libanais, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, estime que « la raison est la substance même de l’islam et de ses enseignements (…) L’islam interdisait la violence dans la vie humaine. Quiconque veut la vérité (sur l’islam) doit se référer au Coran plutôt qu’à un dialogue ou à des extraits »12.
- À Mogadiscio, Cheikh Abubukar Hassan Malin, dignitaire musulman lié au puissant mouvement des tribunaux islamiques, appelle au meurtre de Benoît XVI déclarant : « Nous vous exhortons, musulmans, où que vous soyez, à pourchasser le pape pour ses propos barbares, comme vous avez traqué Salman Rushdie, l’ennemi d’Allah qui avait offensé notre religion (…) Quiconque offense notre prophète Mahomet devrait être tué par le musulman se trouvant le plus proche de lui (…) Nous appelons toutes les communautés islamiques du monde entier à se venger »16.
- `Amîr `Ali, responsable du Conseil musulman d’Australie, considère que « le pape avait employé la citation la plus mal venue, au moment le plus mal venu ».[réf. nécessaire]
Catholiques romains
- Le cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical pour la culture et le dialogue interreligieux, commente que, face à un public universitaire, « le grand professeur Joseph Ratzinger a fait une leçon doctorale sur les rapports entre raison et foi », ajoutant : « ne réduisons pas son discours à des stéréotypes ». Le cardinal Paul Poupard, a appelé dans une interview « les amis musulmans de bonne volonté » à lire le discours « dans son entier » avant de se prononcer17.
- Mgr Charles Bo archevêque catholique de Rangoun en Birmanie, a déclaré que « le pape Benoît XVI a dit ce qu’affirment des millions de musulmans à travers le monde : la religion ne peut justifier la violence… Je suis triste de constater les malentendus de nos frères musulmans concernant ce que notre Saint-Père Benoît XVI a mentionné. Il est évident que dans un pays aussi tranquille que le Myanmar, nous ne voyons aucune réaction des musulmans. Benoît XVI affirmait clairement que la violence n’est pas compatible avec la nature de Dieu. La violence et l’assassinat sont contraires à la nature de Dieu », explique-t-il. « Il a dit clairement que Dieu est amour et que l’amour assure et fait jaillir la vie. Dieu donne la vie. C’est la raison fondamentale pour laquelle un théologien aussi respecté et hautement apprécié que le pape a transmis un message aussi clair dans sa première encyclique Dieu est amour. Le pape parlait dans une université, où il avait choisi de répéter que la dimension religieuse est nécessaire pour tous les hommes, et que la foi est fondamentale pour faire l’expérience de la plénitude de la vie » ajoute l’archevêque Bo. « La froideur de la rationalité conduit souvent à une vie désacralisée, c’est ce qu’il essayait de dire ». En définitive Mgr Charles Bo est certain que le pape a reflété le sentiment et le souhait de millions de musulmans. Car eux aussi affirment que la violence et l’islam ne peuvent pas être liés. Mgr Bo est convaincu que de nombreux musulmans « veulent être des croyants musulmans dans le monde d’aujourd’hui contre ceux qui utilisent la religion pour frapper les autres avec violence. La religion ne peut être à la base d’un conflit, d’une guerre ou de toute autre forme de violence »18.
- Réaction du cardinal Lustiger : « Nous sommes face un phénomène médiatique à la limite de l’absurde. Pour ceux qui n’ont pas lu en entier la "leçon" que le pape Benoît XVI a donnée à l’université de Ratisbonne, cette affaire est incompréhensible. Et effrayante. Il aura suffi de quelques mots pour que des foules, qui n’ont pas la moindre idée de ce dont il s’agit, se mettent à crier à l’offense et déchaînent une querelle dont on ne sait à qui elle profite. En tout cas, elle ne profite pas à l’Islam. Ce n’est pas respecter l’Islam que d’abaisser, piétiner quelqu’un qui s’est toujours présenté comme un loyal interlocuteur et un ami. Le procédé est grossier et je ne crois pas que les musulmans sincères, s’ils sont avertis, puissent souscrire à pareil déferlement de haine et de violence. Il y a un malentendu gravissime et ce malentendu est, d’abord, au détriment de l’islam. Sa pensée va au fond de la question cruciale du rapport de l’Occident avec la religion, en particulier avec l’islam. L’Occident risque de devenir totalement hermétique aux religions, si la "raison" séculière suit sa propre dérive. Et, pour l’islam, l’effet sera, en Occident, une attitude encore plus réductrice et impitoyable. Le christianisme a l’avantage d’être enraciné dans la culture occidentale. Cela n’a été possible que grâce à la rencontre de la raison grecque et de la tradition biblique. Et le pape suggère que, par cette médiation, l’islam pourra trouver la porte qui lui permettra, à son tour, d’accéder à la raison critique. Ce chemin n’appartient qu’à l’islam et il est clair que ce discours n’a rien d’offensant. Le sommer de se récuser sur un jugement qu’il n’a pas porté, c’est mépriser un ami. Ceux qui exigent des excuses n’ont pas lu le discours, ou ne l’ont pas compris, ou traduisent en défi politique, le plus humiliant possible, les termes d’un débat qui se voulait courtois. Si le jeu consiste à déchaîner la vindicte des foules sur des mots qui ne sont pas compris, alors les conditions du dialogue avec l’islam ne sont plus réunies. Ce serait très inquiétant si la discussion ne se limitait plus qu’à des mots convenus. Je trouve enfin avilissante l’attitude des pêcheurs en eaux troubles qui, dans des pays occidentaux, profitent de la circonstance pour accabler le pape Benoît XVI sans réfléchir aux enjeux de fond. »19.
- Le primat de l’Église canadienne et archevêque de Québec, Mgr Marc Ouellet, rappelle que « c’est dans un cadre universitaire que Benoît XVI a tenu des propos sur la violence et la religion… Les propos du pape ont été déformés par des groupes extrémistes ». L’archevêque poursuit « le véritable sens du discours du pape Benoît XVI visait à dissocier la violence de la religion »20.
- Le chef de l’Église catholique d’Australie à Sydney, le cardinal George Pell, soutient le pape Benoît XVI. « Les violentes réactions dans de nombreux endroits du monde musulman confirment l’une des principales craintes du pape Benoît XVI. Elles démontrent le lien qu’établissent de nombreux islamistes entre religion et violence, ainsi que leur refus de répondre à la critique par des arguments rationnels, ne réagissant que par des manifestations, des menaces et une véritable violence. Je pense que nous devons mener une étude approfondie de ce que le Coran dit de la violence, du parcours des premiers musulmans et de l’expansion militaire qui s’est poursuivie pendant des dizaines d’années, et solliciter l’avis de nos amis musulmans »21.
- L'archevêque de Tartous, Mgr Bassilos Mansour, à Damas demande au pape Benoît XVI de présenter un mot d’excuse aux musulmans et d’« abandonner toutes les expressions et les concepts durs qui existent dans notre formation culturelle pour se rencontrer avec les musulmans ». Il pose la question suivante au pape Benoît XVI « Pourquoi vous avez pris comme exemple l’empereur byzantin qui est un homme de guerre au lieu de tirer l’exemple des habitants chrétiens de Constantinople qui ont défendu la mosquée des musulmans dans la capitale des grecs avant la 4e Croisade, ou la pensée du Patriarche de Constantinople qui a appelé le Khalifa Abbaside à la coopération entre les deux nations islamique et chrétienne, ou bien la coopération des chrétiens de l’est avec Salaheddine contre les forces de la Croisade ? »22.
- Mgr Nasrallah Sfeir, patriarche des chrétiens maronites, la principale communauté chrétienne du Liban, déclare « Les critiques contre le pape sont politiques », et estime que « Benoît XVI n’a pas parlé directement de l’islam »23.
Coptes
- Le chef de l’Église copte, Chénouda III, rappelle que « toutes les remarques qui offensent l’islam et les musulmans sont contraires aux enseignements du Christ »24.
- Le porte-parole de l’Église copte orthodoxe, Mgr Hakim Morcos affirme que « l’Église copte égyptienne rejette catégoriquement les propos du pape du Vatican (…). La religion chrétienne nous ordonne d’aimer l’autre quelle que soit sa religion et comme j’aime les adeptes de Jésus-Christ, je dois respecter le prophète des musulmans et les croyants musulmans et il est inacceptable d’offenser leurs sentiments religieux (…). Nous rejetons totalement toute atteinte aux symboles musulmans et toute atteinte au prophète des musulmans »25.
Réactions politiques
- Égypte : Le gouvernement égyptien, qui craint que la situation ne dégénère, a convoqué le nonce apostolique (ambassadeur du Saint-Siège), pour lui demander une initiative d’apaisement de la part de Benoît XVI.[réf. nécessaire]
- Allemagne : Angela Merkel a déclaré que « celui qui critique le pape méconnaît l’intention de son discours, qui était d’inviter au dialogue entre les religions ».[réf. nécessaire]
- Italie : Romano Prodi considère que ces réactions sont injustifiées26.
- Maroc : Après la mise au point du pape, le roi Mohammed VI a rappelé son ambassadeur au Vatican en consultation pour protester contre des propos jugés "offensants" du pape Benoît XVI27.
- Suisse : Le conseiller fédéral Pascal Couchepin chef du département de l’Intérieur prend la défense du pape, estimant son discours « intelligent et nécessaire (…). Il a voulu montrer ce qui constitue l’essence du christianisme. Il faut prendre en compte le fait que le judaïsme, le christianisme et l’islamisme n’ont pas la même conception de Dieu. Ce que le pape a dit était à ses yeux "globalement respectueux" (…). L’islam doit aussi se poser la question de la relation entre la raison et la foi. Car je crois que dans ce domaine le christianisme a une position beaucoup plus ouverte »28.
- Palestine : Gaza, le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, qui appartient au mouvement islamiste Hamas, a condamné les propos du pape estimant qu’ils « allaient à l’encontre de la vérité et touchaient l’essence de notre foi ». Mais il a dénoncé aussi la série d’attaques contre des églises dans les territoires palestiniens. Sept églises avaient été la cible d’attaques à Gaza et en Cisjordanie. « Ces attaques sont totalement inacceptables et aucun Palestinien ne devrait y prendre part. Nos frères chrétiens font partie du peuple palestinien »29.
- États-Unis : Le président américain George W. Bush a affirmé avoir "noté" les regrets du pape et les a jugés "sincères", selon un responsable de la Maison Blanche. C’est la seule réaction du président américain depuis que la controverse a éclaté30.
- Turquie : Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan avait exigé de Benoît XVI qu’il s’excuse auprès des musulmans pour ces « déclarations horribles et malencontreuses ». La prochaine visite du pape en Turquie est susceptible d’être annulée31.
- France : Le président Jacques Chirac a réagi sur les propos du pape. « Il faut éviter tout ce qui anime les tensions entre les peuples ou entre les religions. Il faut éviter tout amalgame entre l’islam, qui est une religion respectée et respectable naturellement, et l’islamisme radical qui est une action tout à fait différente et qui est une action de nature politique (…)."Je n’ai pas pour vocation, ni l’intention, de faire un commentaire sur les propos du pape, je m’exprime sur le plan général et dans le cadre du dialogue des cultures et des civilisations »32.
Réactions de la presse anglophone
- Les éditoriaux du Guardian et du Daily Telegraph parlent de mauvaise interprétation et de propos pris hors contexte.[réf. nécessaire]
- Le New York Times qualifie de « tragiques et dangereux » les propos du pape Benoît XVI sur l'islam, et l'appelle à s'excuser33.
- Pour The Economist établissant en 2009 un bilan provisoire du pontificat de Benoît XVI, l'affaire du discours de Ratisbonne est symptomatique des dysfonctionnements de la Curie en matière de communication : selon cet article, plusieurs officiels du Vatican avaient manifesté leur inquiétude devant le projet de discours, sans disposer de canal de communication pour en informer le pape ; même le « porte-parole » de Benoît XVI, Federico Lombardi, qui souhaitait lui faire part de ses inquiétudes de dernière minute, n'aurait pas été autorisé à déranger le pape, qui dormait34.
Réactions diverses
- Irak : Une bombe a explosé vendredi 15 septembre devant une église catholique à Bassorah (sud), entraînant la mort d'un chrétien. Un autre chrétien est assassiné à l'arme blanche en plein marché, à Bagdad. Les responsables des églises chrétiennes en Irak recommandent la plus grande prudence aux fidèles. Un groupe fondamentaliste menace en effet les chrétiens de mort si le pape ne s'excuse pas35.
- Koweït : Le Parti islamiste Oumma presse les pays musulmans de rappeler leurs ambassadeurs au Vatican.[réf. nécessaire]
- Palestine : Le 16 septembre, plusieurs cocktails Molotov sont lancés contre cinq églises de Naplouse, ne causant que de légers dégâts. Le ministre palestinien de l’Intérieur, Saïd Siam, annonce des mesures de sécurité autour des églises de Gaza et de Cisjordanie.[réf. nécessaire]
- Palestine : Le 15 septembre 2006, la plus vieille église orthodoxe de Gaza, l’église Saint-Porphyre, est la cible d’attaques armées à quatre reprises dont un jet de grenade. Ismaïl Radouane, un des responsables du Hamas déclarait : « C’est une nouvelle croisade chrétienne lancée contre le monde musulman et arabe »36.
- Somalie : Dimanche 17 septembre, une religieuse catholique septuagénaire est tuée avec un garde dans un hôpital de Mogadiscio. Des représentants d’un mouvement islamique local ont déclaré à l’agence Reuters que cet assassinat était un signe de « protestation contre les paroles prononcées par Benoît XVI sur l’islam »37,38.
- Royaume-Uni : Le 18 septembre, une centaine de musulmans britanniques manifeste devant la cathédrale de Westminster et demande l’exécution du pape, sur fond de slogans antichrétiens : "Puisse Allah maudire le pape", "Trinité du diable, pape va en enfer", "l’islam conquerra Rome", "Jésus Christ est l’esclave d’Allah"39. Anjem Choudary, président de la Society of Muslim Lawyers et coorganisateur du rassemblement déclare : « Quiconque insulte le message de Mahomet sera sujet à la peine capitale »40.
- Al-Qaida : Ayman al-Zawahiri, numéro 2 du groupe terroriste, a déclaré dans un message vidéo diffusé le 29 septembre 2006 sur un site islamiste, que « ce charlatan a accusé l’islam d’être incompatible avec la rationalité, tout en oubliant que son propre christianisme est inacceptable pour un esprit sensé »41.
- Allemagne : L’université de Tübingen décerne le prix du « discours de l’année » ; les juges voulaient ainsi primer le discours pour « sa clarté, son courage face à une tendance à s’écraser qui passe pour du dialogue », l’université avait dans le passé primé Daniel Cohn-Bendit et Joschka Fischer42.
Dénouement de la controverse
Épilogue
Benoît XVI reçoit, le lundi 25 septembre 2006, au palais apostolique de Castelgandolfo les ambassadeurs des pays à majorité musulmane, soit une vingtaine de pays dont l’Iran. Sont également présents le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux, des membres du Conseil musulman d’Italie, du Centre culturel islamique italien et du Bureau de la Ligue musulmane mondiale.« Je voudrais aujourd’hui redire toute l’estime et le profond respect que je porte aux croyants musulmans (…). Poursuivant l’œuvre entreprise par mon prédécesseur, le pape Jean-Paul II, je souhaite donc vivement que les relations confiantes qui se sont développées entre chrétiens et musulmans depuis de nombreuses années, non seulement se poursuivent, mais se développent dans un esprit de dialogue sincère et respectueux, fondé sur une connaissance réciproque toujours plus vraie qui, avec joie, reconnaît les valeurs religieuses que nous avons en commun et qui, avec loyauté, respecte les différences (…). Le dialogue inter-religieux et interculturel est une nécessité pour bâtir ensemble le monde de paix et de fraternité ardemment souhaité par tous les hommes de bonne volonté. En ce domaine, nos contemporains attendent de nous un témoignage éloquent pour montrer à tous la valeur de la dimension religieuse de l’existence (…). Comme le déclarait le pape Jean-Paul II dans son discours mémorable aux jeunes, à Casablanca au Maroc, « le respect et le dialogue requièrent la réciprocité dans tous les domaines, surtout en ce qui concerne les libertés fondamentales et plus particulièrement la liberté religieuse. Ils favorisent la paix et l’entente entre les peuples » (…). Dans la situation que connaît le monde aujourd’hui, il est impératif que chrétiens et musulmans s’engagent ensemble pour faire face aux nombreux défis qui se présentent à l’humanité, notamment pour ce qui concerne la défense et la promotion de la dignité de l’être humain ainsi que des droits qui en découlent. Alors que grandissent les menaces contre l’homme et contre la paix, en reconnaissant le caractère central de la personne, et, en travaillant avec persévérance pour que sa vie soit toujours respectée, chrétiens et musulmans manifestent leur obéissance au Créateur, qui veut que tous vivent dans la dignité qu’il leur a donnée43. »
Les échanges ultérieurs
Un mois après le discours de Ratisbonne, 38 personnalités musulmanes écrivent une lettre ouverte au pape, dans l'objectif de "parvenir à une compréhension mutuelle"»44. Cette initiative est élargie, un an plus tard, avec une nouvelle lettre intitulée Une parole commune entre vous et nous et signée de 138 personnalités issues de 43 pays. Le texte de la lettre a été discuté et mis au point en septembre 2007 au cours d’un congrès parrainé par le roi Abdallah II de Jordanie. Elle est centrée sur le double commandement de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain : « Conformément au Coran nous, en tant que musulmans, invitons les chrétiens à s’accorder avec nous sur ce qui nous est commun, et qui constitue également l’essentiel de notre foi et de notre pratique: les deux commandements de l’amour. ».Quelques jours auparavant, le pape avait d'ailleurs tenu des propos analogues devant la Commission théologique internationale. Pour lui, la loi naturelle et les dix commandements constituent "la base d’une éthique universelle" qui vaut pour "toutes les consciences des hommes de bonne volonté, laïques ou appartenant à des religions différentes" En outre, les dix commandements se résument dans les deux "plus grands", celui de l’amour de Dieu et celui de l’amour du prochain: "la soumission à Dieu, source et juge de tout bien, et le sens de l’autre comme égal à soi"45.
Analyses postérieures
Regard rétrospectif du pape sur la polémique
Dans le livre d'entretiens Lumière du monde publié fin 2010, Benoît XVI revient sur son discours et la polémique qu'il a suscitée. Reconnaissant avoir sous-estimé l'impact politique qu'allait connaître son intervention académique, il en souligne néanmoins les conséquences positives. Il cite ainsi l'appel au dialogue des 138 intellectuels musulmans, ou encore un échange avec le roi d'Arabie saoudite qui déclare vouloir « prendre position avec les chrétiens contre le détournement terroriste de l’Islam ».Il ironise enfin sur la question de la liberté de parole et de ton dans le système médiatique contemporain46 :
« L’empereur Manuel était déjà à cette époque vassal de l’empire ottoman. Il ne pouvait donc absolument pas attaquer les musulmans. Mais il pouvait poser des questions vivantes dans le dialogue intellectuel. Seulement la communication politique, de nos jours, est ainsi faite qu’elle ne permet pas de comprendre ce type de contextes subtils. »
Les avis des commentateurs
Dans son commentaire47 Abdelwahab Meddeb souligne : « Pour construire un monde en commun dans le respect de la diversité, il faut un dialogue, qui ne doit pas être de complaisance. La question de la violence de l'islam est une vraie question ».Michel Orcel dans De la dignité de l'islam. Examen et réfutation de quelques thèses de la nouvelle islamophobie chrétienne, Bayard, Paris, 2011, replace le Discours de Ratisbonne dans le contexte d'un renouveau de l'« islamophobie chrétienne ».
Douglas Murray (en), critique du fondamentalisme islamique, souligne à l'occasion du cinquième anniversaire du discours de Ratisbonne en septembre 2011, le faible impact que ce texte aura finalement eu. Au contraire, selon cet auteur, « des années d'intimidation et de violence ont fini par réduire au silence non seulement toute critique de l'Islam, mais aussi toute critique de la violence commise au nom de l'Islam contre des Chrétiens ». Il qualifie cette situation d'un des « grands échecs moraux de notre temps »48.
Notes et références
- Verbatim : les propos du pape sur l’islam, Tf1-Lci, 16 sept. 2006
- Foi, raison et université : discours du pape à l’université de Ratisbonne, InXL6
- Palestine
- Une religieuse assassinée en Somalie
- Déclaration du Cardinal Tarcisio Bertone, S.D.B.,Secretaire D'Etat, Samedi 16 septembre 2006n
- « Respect de l’islam, collaboration avec les musulmans » (Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le 2013-04-08, VIS, 20 sept. 2006
- Le Pape et l’islam : le vrai débat, Tariq Ramadan
- Propos du pape sur l’islam: les musulmans ne doivent pas attendre du pape qu'il les glorifie, estime Mohand Alili, le Nouvel Observateur, 16 sept. 2006
- "Réactions des musulmans suite aux propos du Pape", BBC News, le 16 septembre 2006
- Malaysia demands apology, The Sydney Morning Herald, 16 septembre 2006
- (en) « Backpedals pape sur les remarques de "djihad": Benoît XVI affirme qu'il n'avait pas l'intention d'offenser les musulmans », Associated Press,
- Le pape a raison de dénoncer la violence de l’islam !, L'Investigateur, 18 sept. 2006
- "Le souverain pontife était « absolument désolé » de cette crise", The Star (Malaisie), le 17 septembre 2006
- SPIEGEL Entretien avec with Aga Khan - Der Spiegel, le 12 octobre 2006
- In quotes: Muslim reaction to Pope, BBC News, 15 sept. 2006
- Somali cleric urges muslims to kill Pope, African News Dimension, 18 sept. 2006
- Colère musulmane contre les poncifs du pontife, Libération, 15 sept. 2006
- Le pape a dit ce qu’affirment des millions de musulmans, déclare un archevêque de Birmanie, Catholique.org, 17 sept. 2006
- « Controverse de Ratisbonne : le cardinal Lustiger s’en prend aux médias »
- Le cardinal Ouellet à la défense du pape, Radio-Canada, 18 Sept. 2006
- « L’archevêque de Sydney soutient le pape »
- « L’archevêque Bassilos Mansour adresse un message au pape »
- Liban: le chef des chrétiens maronites défend le pape, Le Monde, 17 sept. 2006
- Le ton monte après les propos du pape sur l’islam, La Tribune, 16 sept. 2006
- L’Église copte égyptienne rejette les propos du pape, Nouvelles d'Arménie Magazine, 19 sept. 2006
- « Pope: Prodi, religions must be committed to dialogue » (Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le 2013-04-08, AGI-Italy On Line, 16 sept. 2006
- Le Maroc proteste et rappelle en consultation son ambassadeur auprès du Vatican, Le Matin, 16 sept. 2006
- Le ministre suisse de l’Intérieur défend Benoît XVI, AP par Yahoo News, 17 sept. 2006
- La tension persiste après les regrets du pape, Le Nouvel Observateur, 18 sept. 2006
- George W. Bush trouve Benoît XVI "sincère", Le Nouvel Observateur, 19 sept. 2006
- Le secrétaire d’État du Vatican affirme qu’il n’y a "pas de raison" d’annuler le voyage du pape en Turquie, Nouvelles d’Arménie Magazine, 20 sept. 2006
- Chirac appelle à « éviter les tensions entre peuples ou religions », Nouvelles d’Arménie Magazine, 20 sept. 2006
- Le monde appelle Benoît XVI à s’excuser, Le Nouvel Observateur, 16 sept. 2006
- « A chapter of accidents », The Economist, vol. 391, no 8631, , p. 63-65 (lire en ligne)
- (en) « Second Assyrian Christian Killed in Retaliation for Pope's Remarks », Assyrian International News Agency, 17 septembre 2006.
- Muslims deplore Pope speech, Reuters par Yahoo News, 15 sept. 2006
- Somalie: une religieuse italienne tuée par balle à Mogadiscio, AFP par Yahoo News, 17 sept. 2006
- Une religieuse assassinée en Somalie, Ag. Zénit, 17 sept. 2006
- Just outside Westminster Cathedral today..., Joee Blogs, 17 sept. 2006
- The Pope must die, says Muslim, Daily Mail., 18 sept. 2006
- Al-Zawahiri appelle les musulmans à la guerre sainte au Darfour Radio Canada, 29 sept. 2006
- Article sur le prix de l’université de Tubinguen
- « Nécessité du dialogue entre chrétiens et musulmans » (Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), consulté le 2013-04-08, VIS, 25 sept. 2006
- Lettre ouverte de 38 musulmans à sa Sainteté le Pape Benoît XVI, 25 oct. 2006, sur le site Groupe de recherche Islamo-Chrétien
- Sandro Magister, Un an après Ratisbonne, 138 musulmans écrivent une nouvelle lettre au pape, L'Espresso.
- Benoît XVI, Lumière du monde, livre d'entretiens avec Peter Seewald, Bayard, novembre 2010, (ISBN 978-2227482463), p. 133-134
- Libération, 23 septembre 2006.
- Douglas Murray, After Regensburg the silence is deafening, Catholic Herald, 12 septembre 2011
Liens externes
- La version française du discours de Ratisbonne, sur le site officiel du Vatican
- La version originale allemande du discours de Ratisbonne, sur le site officiel du Vatican
- Dossier sur le discours de Ratisbonne et ses conséquences. Journal La Croix en ligne.
- Revue de presse, du Courrier international, 14 sept. 2006.
- Analyse critique du discours de Benoit XVI par le philosophe Raphaël Lellouche
- Commentaire d'Abdelwahab Meddeb dans Libération, 23 sept. 2006.
- Une analyse critique de l'emballement médiatique et de ses origines, rédigée avant que les journaux en ligne suppriment les pages approximatives qui avaient déclenché la polémique
Diète d'Empire
La Diète d'Empire (en allemand Reichstag) était une institution du Saint-Empire romain germanique
chargée de veiller sur les affaires générales et de trouver une
solution aux différends qui pourraient s'élever entre les États
confédérés.
Le rôle et les fonctions précises changèrent au cours des siècles, comme l'Empire lui-même, à mesure que les États obtenaient de plus en plus de pouvoir aux dépens du pouvoir impérial. Au départ, le Reichstag ne se réunissait pas à époque régulière et le lieu de réunion changeait à chaque fois. Il commença comme une convention des ducs des anciennes tribus germaniques qui formaient le royaume franc et qui se réunissait quand des décisions importantes devaient être prises. Son principe est probablement basé sur l’ancienne loi germanique qui veut que chaque chef tenait son autorité de ses lieutenants. Par exemple, déjà sous Charlemagne, la Diète d'Aix-la-Chapelle en 802-803 déclara officiellement les lois des Saxons et des autres tribus. En 1158, la Diète de Roncaglia entérina quatre lois (jamais écrites formellement) qui modifiaient significativement la Constitution de l'Empire, marquant ainsi le commencement du déclin continu du pouvoir central en faveur des ducs locaux. En 1356, la Bulle d'or (Goldene Bulle) cimenta le concept de Landesherrschaft, le gouvernement largement indépendant des ducs sur leurs territoires respectifs.
Cependant, jusqu'à la fin du XVe siècle la Diète n’avait pas le statut d’institution fixe. Les ducs se rassemblaient plutôt irrégulièrement à la cour du roi ; ces assemblées étaient habituellement appelées Hoftage (de l'allemand Hof, « cour »). Ce ne fut qu'en 1489 que commença le Reichstag en tant que tel, divisé formellement en divers collegia, lesquels étaient initialement les Kurfürsten (princes-électeurs) et les autres ducs. Plus tard certaines cités furent reconnues immédiates (reichsunmittelbar), c'est-à-dire qu'elle ne rendaient compte formellement qu'à l'empereur lui-même. Ces cités constituèrent donc un troisième collège. Les trois collèges étaient donc celui des sept princes-électeurs, celui des autres princes ecclésiastiques et laïques immédiats (comtes, prélats, seigneurs) et celui des villes immédiates. Tous les territoires souverains étaient donc représentés. Une décision de la Diète était indispensable pour les grandes décisions, mais un membre de la Diète de l'Empire n'était pas tenu de se conformer à une loi qu'il n'avait pas votée. La Diète se réunissait, selon les circonstances soit en séance ordinaire (alors chaque État n'a qu'une voix et les décisions sont prises à la majorité absolue) soit en séance générale (le nombre des voix des divers États est alors fixé selon l'importance politique de chacun d'eux).
Il y eut plusieurs tentatives de « réformer » l'Empire pour empêcher sa lente désintégration à partir de la Diète de 1495, mais elles n'eurent que peu d'effet. En revanche ce processus fut amené à son terme par la paix de Westphalie en 1648, qui imposait à l'empereur d’accepter toutes les décisions prises par la Diète, le privant par là de ses quelques pouvoirs restants. Dès cette date et jusqu'en 1806 l'Empire ne fut plus qu'un ensemble d'États largement indépendants.
Une des Diètes les plus connues est probablement celle de Worms en 1495, où une réforme impériale fut conclue. Elle interdisait les guerres privées et réservait donc l'usage légitime de la violence à l'empereur. Les conflits privés étaient gérés par une chambre de justice impériale à Francfort. Mais cette tentative de réforme fut vite paralysée et n'aboutit donc pas. Une autre Diète de Worms, celle de 1521, vit Martin Luther banni (voir Édit de Worms). On connaît également les Diètes de Nuremberg.
Ce n'est qu'après l'application de l’Immerwährender Reichstag (la « Diète perpétuelle d'Empire ») en 1663 que la Diète fut convoquée à un endroit fixe : la ville de Ratisbonne.
En 1803, la Diète, suite aux victoires de Napoléon Ier adopta un recès d'Empire qui redistribua les territoires de l'Empire. Presque toutes les principautés ecclésiastiques et la majorité des villes libres furent médiatisées et disparurent alors. Après la chute de l'Empire le 6 août 1806 et la création de la Confédération du Rhin, la Diète d'Empire disparut et céda la place à la Diète de la Confédération, qui se réunissait à Francfort.
Il ne faut cependant pas confondre les Diètes d'Empire avec les diètes de Cercle qui sont des institutions différentes, à vocation nettement plus administrative.
L'énorme quantité d'enregistrements dans de nombreuses archives et bibliothèques en Allemagne, Autriche, Suisse, France, Italie, Espagne, Danemark, Angleterre et Pologne doit être traitée.
Une liste sur l'Internet intitulée Das Reich um 1500, Dynastien - Fürstentümer - Residenzen, Höfe und Residenzen im spätmittelalterlichen Reich, « L'empire autour de l'an 1500, dynasties - duchés - résidences, cour ducales et résidences dans l'Empire dans le mi et haut Moyen Âge » identifie des milliers de localités. Cela donne une idée de l'importance de la tâche consistant à trouver et analyser des enregistrements officiels dispersés du fait de la coexistence de tant de gouvernements différents, ayant chacun leur propre lieu de résidence et siège de gouvernement.
Sommaire
Histoire
À l'époque du Saint-Empire romain germanique (qui exista officiellement jusqu'en 1806), la Diète ne fut jamais un parlement dans le sens contemporain ; c'était plutôt l'assemblée des divers souverains que comptait l'Empire. Plus précisément, c'était la convention des Reichsstände (États de l'Empire) qui bénéficiaient de l'immédiateté impériale. Les décisions de cette assemblée portaient le nom de recès. Longtemps la Diète n'eut pas de siège fixe, se tenant tantôt à Nuremberg, à Augsbourg, à Spire ou à Ratisbonne.Le rôle et les fonctions précises changèrent au cours des siècles, comme l'Empire lui-même, à mesure que les États obtenaient de plus en plus de pouvoir aux dépens du pouvoir impérial. Au départ, le Reichstag ne se réunissait pas à époque régulière et le lieu de réunion changeait à chaque fois. Il commença comme une convention des ducs des anciennes tribus germaniques qui formaient le royaume franc et qui se réunissait quand des décisions importantes devaient être prises. Son principe est probablement basé sur l’ancienne loi germanique qui veut que chaque chef tenait son autorité de ses lieutenants. Par exemple, déjà sous Charlemagne, la Diète d'Aix-la-Chapelle en 802-803 déclara officiellement les lois des Saxons et des autres tribus. En 1158, la Diète de Roncaglia entérina quatre lois (jamais écrites formellement) qui modifiaient significativement la Constitution de l'Empire, marquant ainsi le commencement du déclin continu du pouvoir central en faveur des ducs locaux. En 1356, la Bulle d'or (Goldene Bulle) cimenta le concept de Landesherrschaft, le gouvernement largement indépendant des ducs sur leurs territoires respectifs.
Cependant, jusqu'à la fin du XVe siècle la Diète n’avait pas le statut d’institution fixe. Les ducs se rassemblaient plutôt irrégulièrement à la cour du roi ; ces assemblées étaient habituellement appelées Hoftage (de l'allemand Hof, « cour »). Ce ne fut qu'en 1489 que commença le Reichstag en tant que tel, divisé formellement en divers collegia, lesquels étaient initialement les Kurfürsten (princes-électeurs) et les autres ducs. Plus tard certaines cités furent reconnues immédiates (reichsunmittelbar), c'est-à-dire qu'elle ne rendaient compte formellement qu'à l'empereur lui-même. Ces cités constituèrent donc un troisième collège. Les trois collèges étaient donc celui des sept princes-électeurs, celui des autres princes ecclésiastiques et laïques immédiats (comtes, prélats, seigneurs) et celui des villes immédiates. Tous les territoires souverains étaient donc représentés. Une décision de la Diète était indispensable pour les grandes décisions, mais un membre de la Diète de l'Empire n'était pas tenu de se conformer à une loi qu'il n'avait pas votée. La Diète se réunissait, selon les circonstances soit en séance ordinaire (alors chaque État n'a qu'une voix et les décisions sont prises à la majorité absolue) soit en séance générale (le nombre des voix des divers États est alors fixé selon l'importance politique de chacun d'eux).
Il y eut plusieurs tentatives de « réformer » l'Empire pour empêcher sa lente désintégration à partir de la Diète de 1495, mais elles n'eurent que peu d'effet. En revanche ce processus fut amené à son terme par la paix de Westphalie en 1648, qui imposait à l'empereur d’accepter toutes les décisions prises par la Diète, le privant par là de ses quelques pouvoirs restants. Dès cette date et jusqu'en 1806 l'Empire ne fut plus qu'un ensemble d'États largement indépendants.
Une des Diètes les plus connues est probablement celle de Worms en 1495, où une réforme impériale fut conclue. Elle interdisait les guerres privées et réservait donc l'usage légitime de la violence à l'empereur. Les conflits privés étaient gérés par une chambre de justice impériale à Francfort. Mais cette tentative de réforme fut vite paralysée et n'aboutit donc pas. Une autre Diète de Worms, celle de 1521, vit Martin Luther banni (voir Édit de Worms). On connaît également les Diètes de Nuremberg.
Ce n'est qu'après l'application de l’Immerwährender Reichstag (la « Diète perpétuelle d'Empire ») en 1663 que la Diète fut convoquée à un endroit fixe : la ville de Ratisbonne.
En 1803, la Diète, suite aux victoires de Napoléon Ier adopta un recès d'Empire qui redistribua les territoires de l'Empire. Presque toutes les principautés ecclésiastiques et la majorité des villes libres furent médiatisées et disparurent alors. Après la chute de l'Empire le 6 août 1806 et la création de la Confédération du Rhin, la Diète d'Empire disparut et céda la place à la Diète de la Confédération, qui se réunissait à Francfort.
Fonctionnement de la Diète
La voix des princes est supérieure à celle des comtes, qui ne votent que par banc et non par tête comme les princes. Ainsi la Principauté de Salm influe autant sur les affaires de l'Empire que les trente-six voix que donnent les trente-six comtés ou seigneuries du Banc des comtes de Westphalie.Il ne faut cependant pas confondre les Diètes d'Empire avec les diètes de Cercle qui sont des institutions différentes, à vocation nettement plus administrative.
Sièges de la Diète
Archives
Après la formation en 1871 de l'Empire allemand, la commission historique de l'académie bavaroise des sciences commença à conserver les enregistrements impériaux (Reichsakten) et ceux de la Diète impériale (Reichstagsakten). En 1893, la commission publia le premier volume. De nos jours, les années 1524 à 1527 et les années à partir de 1544 sont archivées. Un volume traitant de l'assemblée de 1532 à Ratisbonne pour les traités de paix avec les protestants à Schweinfurt et Nuremberg par le docteur Rosemarie Aulinger de Vienne fut publié en 1992.L'énorme quantité d'enregistrements dans de nombreuses archives et bibliothèques en Allemagne, Autriche, Suisse, France, Italie, Espagne, Danemark, Angleterre et Pologne doit être traitée.
Une liste sur l'Internet intitulée Das Reich um 1500, Dynastien - Fürstentümer - Residenzen, Höfe und Residenzen im spätmittelalterlichen Reich, « L'empire autour de l'an 1500, dynasties - duchés - résidences, cour ducales et résidences dans l'Empire dans le mi et haut Moyen Âge » identifie des milliers de localités. Cela donne une idée de l'importance de la tâche consistant à trouver et analyser des enregistrements officiels dispersés du fait de la coexistence de tant de gouvernements différents, ayant chacun leur propre lieu de résidence et siège de gouvernement.
Voir aussi
- Liste des participants à la Diète d'Empire en 1792
- Diète (politique)
- Reichstag
- Bundestag
- Cercle impérial
- Dernier recès impérial
Source partielle
Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Diète d'Empire » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (Wikisource)Regensburger Domspatzen
Regensburger Domspatzen | |
Timbre édité par la poste allemande en 2003 en l'honneur des Moineaux de Ratisbonne
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Pays de résidence | Allemagne |
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Ville de résidence | Ratisbonne |
Lieux d'activité | cathédrale Saint-Pierre de Ratisbonne |
Type de formation | chœur d'enfants |
Style | Musique religieuse |
Direction | Roland Büchner |
Fondateur | Wolfgang de Ratisbonne |
Création | 975 |
Effectif | 120 |
Site internet | Regensburger Domspatzen |
Sommaire
Histoire
Ce chœur peut être considéré comme le plus ancien du monde car il prend son origine en 975 lorsque Wolfgang de Ratisbonne, évêque de la ville, décide de créer une école rattachée à la cathédrale où les garçons auront entre autres la tâche de chanter aux offices. Au cours des mille ans de son histoire, le chœur connaît diverses fortunes. Il est réputé au cours du XXe siècle sous la direction de Theobald Schrems, maître de chapelle de 1924 à 1964, puis de Georg Ratzinger, maître de chapelle de 1964 à 1994. Ce dernier est le frère aîné de Joseph Ratzinger, à l'époque membre du chœur et devenu pape en 2005 sous le nom de Benoît XVI.Depuis 1994, c'est Roland Büchner, le premier laïc à ce poste, qui a pris la direction du chœur.
Organisation
Le chœur est composé de garçons de 10 à 19 ans et se compose d'environ 120 membres qui se réunissent en groupes plus petits suivant la nature du chant envisagé. Les enfants suivent leurs études en internat avec une discipline stricte, en parallèle avec la pratique du chant.Répertoire
Discographie
Concerts
À l'instar des autres chœurs célèbres, Les Moineaux de Ratisbonne ont parouru un grand nombre de pays du monde sur tous les continents. En 1910, le chœur fait son premier voyage hors d'Allemagne, à Prague, c'est à cette occasion que le surnom Les moineaux de Ratisbonne leur a été donné par la presse polonaise1. Ils ont chanté pour la reine Élisabeth II lors de sa visite officielle en Allemagne en 1978 et pour le pape Jean-Paul II à sa venue à Munich, le . En 2006, ils ont chanté au Vatican, pendant le pontificat du pape Benoît XVI, lui-même ancien choriste.Notes et références
- Déclaration de Roland Büchner dans Les Choristes de Ratisbonne, documentaire de Matti Bauer, All. 2008
Bibliographie
- Georg Ratzinger, Mon frère, le pape, 2011, Bayard
Liens externes
- (de) Site officiel
Juan d'Autriche
Juan d'Autriche | |
L'infant don Juan d'Autriche (1547-1578) |
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Grade militaire | capitaine général |
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Gouvernement militaire | Pays-Bas des Habsbourg |
Conflits | Révolte des Alpujarras, Guerre de la Sainte-Ligue, guerre de Quatre-vingts ans |
Faits d'armes | Bataille de Lépante, bataille de Gembloux |
Distinctions | Ordre de la Toison d'or |
Autres fonctions | Gouverneur général des Pays-Bas (1576-1578) |
Biographie | |
Dynastie | Habsbourg (illégitime) |
Nom de naissance | Jeromín |
Naissance | ou 1547 Ratisbonne ( Saint-Empire) |
Décès | (à 33 ans) Namur ( Pays-Bas des Habsbourg) |
Père | Charles Quint |
Mère | Barbara Blomberg |
Enfants | María Ana de Austria y de Mendoza (illégitime) |
Sommaire
Biographie
Origine
Fruit de la relation illégitime de Charles Quint et de Barbara Blomberg, une femme issue d'une famille de notables de Ratisbonne, en 1547, Don Juan d'Autriche est baptisé, en réalité, sous le prénom de Jérôme (Jerónimo ou Jeromín). En 1550, l'empereur charge un de ses proches, son majordome Luis Méndez Quijada, de l'éducation du jeune garçon. Pendant cette période, Quijada est tenu de faire croire que l'enfant est son propre bâtard. Il est élevé en Castille, dans la ville - proche de Madrid - de Leganés, dans la rue qui porte actuellement son nom (Jeromín), puis à Villagarcía de Campos à côté de Valladolid et enfin à Cuacos de Yuste.Il ne connait pas son père jusqu'à l'âge de neuf ans, lorsque celui-ci le fait venir en 1556 - après son abdication - au monastère de Yuste (Estrémadure), où il s'est retiré. L'empereur avait déjà inséré, en 1554, un codicille à son testament, demandant à son fils légitime, Philippe II, de recevoir le jeune bâtard comme son propre frère de sang. Philippe II, respectant la volonté de leur père, le reconnait comme membre de la famille royale et lui attribue le nom de « Don Juan d'Autriche », avec les honneurs et les revenus dignes de son rang (1559). Don Juan est en outre doté d'une maison en 1562, c'est-à-dire d'une suite de familiers et de domestiques chargés de sa vie quotidienne. Luis Quijada, son ancien tuteur, en est désigné comme gouverneur. Il ne reçoit cependant ni titre, ni terre, ni le prédicat d'altesse. Il n'est donc que son excellence Don Juan d'Autriche, ce qui le met davantage au rang d'un Grand d'Espagne que d'un infant. Il vit son adolescence à la cour d'Espagne avec son demi-frère Philippe II. Il fait ses études à la prestigieuse université d'Alcalá de Henares, mais refuse de se consacrer à la carrière ecclésiastique à laquelle on l'a destiné.
En 1566, son frère lui octroie un des cinq colliers de l'ordre de la Toison d'or que le chapitre général avait laissé à sa disposition en 1559.
Carrière militaire
Ayant manifesté son désir de faire une carrière militaire, il est nommé par le roi au commandement d'une escadre chargée de combattre les pirates barbaresques en Méditerranée (1568). Il démontre dans cette expédition de réelles capacités militaires, aussi est-il chargé, l'année suivante, de diriger la répression de la révolte des Morisques, ces descendants des Musulmans du royaume de Grenade - restés en Espagne après la fin de la Reconquête en 1492 - convertis officiellement au catholicisme, mais qui continuaient à pratiquer leur religion (1569). Ce soulèvement - commencé en 1567 - contre la violation des droits qui avaient été accordés à l'époque aux Morisques - encore appelé guerre des Alpujarras - dure quatre ans et se termine par leur défaite devant Don Juan d'Autriche.Ces succès lui permettent aussi d'obtenir - ce qui est le sommet de sa carrière militaire - le commandement suprême de la flotte de la Sainte Ligue formée - par l'Espagne, Venise et le pape Pie V - contre les Turcs (1570). Face à la stratégie défensive que préconisent ses conseillers plus prudents, Don Juan d'Autriche impose son choix d'aller à la rencontre de la flotte turque d'Ali Pacha et de la vaincre, ce qu'il fait à la bataille de Lépante (). Lors de cette expédition il a sous ses ordres, parmi les soldats, un certain Miguel de Cervantes - le futur auteur de Don Quichotte - qui y perd l'usage de sa main gauche, ce qui lui vaudra plus tard le surnom de « manchot de Lépante ». Cette victoire vaut à Don Juan de recevoir du pape, en 1576, la rose d'or, d’abord réservée exclusivement au préfet de Rome, puis, plus tard offerte à un fidèle catholique qui avait rendu un service important à l'Église.
Gouverneur des Pays-Bas
Le retentissant succès de Lépante accroit les ambitions de Don Juan d'Autriche. Philippe II a prudemment rejeté les plans de son demi-frère, qui proposait de profiter de la situation pour se lancer dans une grande expansion territoriale en Méditerranée, ainsi que ses demandes d'être officiellement reconnu comme infant, avec traitement d'altesse. Peut-être est-ce pour mettre fin à ces ambitions que le roi l'envoie comme gouverneur aux Pays-Bas (1576), poste extrêmement difficile dans lequel ont déjà échoué le duc d'Albe et Luís de Zúñiga y Requesens, incapables de mettre fin à la rébellion protestante. Pour convaincre son demi-frère d'accepter ce poste périlleux, où Don Juan va remplacer le gouverneur Requesens mort au siège de Zierikzee, Philippe II insinue la possibilité de lui confier plus tard le commandement d'une invasion de l'Angleterre destinée à placer sur le trône britannique une reine catholique, Marie Stuart.Pour gagner son poste à Bruxelles, don Juan n'hésite pas à traverser une France hostile déguisé en valet. Mais, arrivé à Marche-en-Famenne, il est empêché d'aller plus loin par la présence des forces des États Généraux.
Très rapidement, Don Juan comprend le caractère irréaliste des projets du roi d'Espagne Philippe II. À son arrivée, il trouve toutes les provinces rassemblées, sinon contre le pouvoir, du moins contre les armées espagnoles qui ravagent le pays. Profitant de la vacance du pouvoir entraînée par la mort du gouverneur Requesens, les États Généraux ont pris l'initiative de se réunir et de proclamer la Pacification de Gand. Cet acte, d'abord accepté par le nouveau gouverneur, est rapidement remis en cause par le noyau dur des orangistes qui prennent alors le nom de « Patriots ». Réunis à Bruxelles, ils concluent l'Union de Bruxelles établissant les modalités pratiques de la Pacification de Gand. Il s'agit de suspendre les édits du roi d'Espagne, de rendre les biens spoliés aux rebelles et d'établir la liberté religieuse en Zélande et en Hollande, toutes exigences incompatibles avec celles du roi d'Espagne.
Don Juan d'Autriche croit pourtant qu'il peut parvenir à amadouer ses adversaires en offrant un compromis, l'Édit perpétuel de Marche-en-Famenne de (1577) par lequel il offre de retirer les forces espagnoles et de respecter les libertés dans les dix-sept provinces. Pour le reste, Don Juan continue à maintenir les exigences fondamentales de la couronne espagnole. En vertu de quoi les rebelles sont sommés de reconnaître la foi catholique ainsi que la souveraineté espagnole, tout en renonçant au protestantisme. Mais ces exigences sont rejetées par le duc Guillaume d'Orange et les États Généraux des Dix-sept provinces. La continuation de la guerre devient donc inévitable.
Les intrigues qu'organise à la Cour Antonio Pérez placent Don Juan dans une situation délicate envers le roi. Les ressources dont il a besoin (tant en hommes qu'en argent) arrivent avec parcimonie. Mais si la monarchie espagnole se montre insuffisante dans l'emploi des moyens matériels, elle croit pouvoir l'emporter sur le plan diplomatique et Philippe II charge Don Juan d'établir des contacts avec la France, les Anglais et les factions rebelles en vue de régler la situation insurrectionnelle, tâche bien trop grande pour le piètre diplomate qu'il est.
Le , Don Juan bat l'armée des États généraux à Gembloux près de Namur.
Le , son secrétaire et plus proche collaborateur, Juan de Escobedo, est assassiné suite aux menées d'Antonio Pérez, secrétaire de Philippe II, qui a obtenu l’autorisation de cet assassinat pour raison d’État, en accusant Juan Escobedo de complot avec les révoltés.
Don Juan meurt du typhus, maladie contractée au cours d'une campagne militaire, le .
Mort
Mourant, il est revêtu de son armure complète, de son collier de la Toison d'or et l'on place à ses doigts dix-sept bagues avant de les couvrir de ses gantelets. Le nombre de dix-sept a fait croire à certains qu'il s'agissait d'une évocation des dix-sept provinces des Pays-Bas, mais la légende la plus tenace raconte qu'elles sont un hommage à ses dix-sept maîtresses. Ses soldats en larmes insistent pour déposer sur sa tête une couronne de drap d'or ornée de pierreries, signe qu'ils estimaient avoir perdu leur prince. Son corps est déposé ainsi paré à la cathédrale Saint-Aubain de Namur. Un an plus tard, les autorités espagnoles décident de transférer ses restes à l'Escorial. Pour faciliter le convoi, on démembre le cadavre et on fait passer les ossements par la France, dans trois coffrets. Arrivés en Espagne, on fiche les os sur des tiges de métal avant de les revêtir de l'armure et des signes du commandement. Le corps ainsi mis est exposé debout quelques jours à Burgos avant d'être finalement placé dans un cercueil et transféré en grande pompe à l'Escorial. Après une nouvelle cérémonie funèbre, il est placé dans une crypte dédiée, à part du panthéon des souverains et de la salle des infants.Son tombeau se compose d'un gisant plus grand que nature reposant sur une vasque de marbre blanc. Le prince est figuré en armure, portant les fameuses bagues à ses mains fermées sur une épée de bronze. Le gisant, œuvre du sculpteur Giuseppe Galeotti date du XVIIIe siècle.
Références
- La date de sa naissance est inconnue, dans certaines sources, il est né en 1545 et dans d'autres, telles celles de G. Parker et de P. Pierson, en 1547. Pierson affirme que certains contemporains parlent de 1545, mais que les premières preuves en France dans les cérémonies publiques, appuient la date de 1547. Il a probablement été conçu en mai 1546, tandis que l'empereur est à Ratisbonne, ce qui rend plausible la date du 24 février 1547, mais le jour, qui est le même que celui de son père Charles Quint, pourrait n'être qu'un hommage à celui-ci.
Bibliographie
- (Bruslé de Montpleinchamp, J. Ch.), L'histoire de Don Jean d'Autriche fils de l'Empereur Charles Quint, Amsterdam, Le Brun, 1683 (2me éd. Amsterdam 1690).
- Marguerite Yeo, Don Juan d'Autriche - 1547-1578, Éditions Payot, 1935.
- Henri Cambon, Don Juan d'Autriche, le vainqueur de Lépante, Librairie Hachette, 1952.
- Edmonde Charles-Roux, Stèle pour un bâtard - Don Juan d'Autriche, 1545-1578, 246 pages, Grasset, Paris, 1992.
- Edmonde Charles-Roux, Don Juan d'Autriche : Bâtard de Charles Quint, Éditions Racine, Coll. Les racines de l'histoire, Paris, 2003, 230 pages.
- Jean-Pierre Bois, Don Juan d'Autriche (1547-1578). « Le héros de toutes les nations », Taillandier, Paris, 2008, 409 p.
- Franz Zeise, "L'Armada", 10/18, Paris, 1988, 279p. Roman.
Cinquième Coalition
Empire d'Autriche et le Royaume-Uni à l'Empire français de Napoléon et à la Bavière. Les engagements entre la France et l'Autriche, les deux principaux belligérants, se déroulèrent dans toute l'Europe centrale entre avril et juillet 1809 et causèrent de lourdes pertes dans les deux camps. Le Royaume-Uni, déjà impliqué sur le continent dans la guerre d'Espagne, lança une expédition
dans les Pays-Bas pour soulager l'Autriche mais celle-ci ne permit pas
de changer le cours de la guerre. Malgré quelques victoires défensives
mineures, l'absence dans la coalition de la Russie ou de la Prusse permit à Napoléon de remporter sur l'Autriche, dépassée en nombre, une victoire décisive lors de la sanglante bataille de Wagram.
Le traité de Schönbrunn qui met fin au conflit est extrêmement dur pour l'Autriche. Metternich et l'archiduc Charles avaient la préservation de l'Empire d'Autriche comme objectif fondamental et firent de larges concessions pour obtenir une alliance franco-autrichienne et un traité d'amitié1. Si la plupart des terres héréditaires restaient aux mains des Habsbourgs, l'Autriche dut céder les Provinces illyriennes à la France, la Galicie occidentale au Duché de Varsovie, le Tyrol au Royaume de Bavière1 et la région de Tarnopol à la Russie. L'Autriche perd trois millions d'habitants soit un cinquième de sa population totale2. Malgré la poursuite des combats dans la péninsule ibérique, la guerre de la Cinquième Coalition est le dernier conflit majeur en Europe jusqu'à ce que l'invasion française de la Russie en 1812 n'entraine la création de la Sixième Coalition.
En aout 1805, la Grande Armée française envahit les états allemands dans l'espoir d'écraser l'Autriche avant l'intervention russe. Le 25 aout, 200 000 soldats français franchissent le Rhin sur un front de 260 km6. Karl Mack avait rassemblé la plus grande partie de l'armée autrichienne à la forteresse d'Ulm en Bavière. Napoléon planifia une manœuvre de contournement qui lui permettrait d'attaquer l'arrière des autrichiens. La manœuvre d'Ulm est bien exécutée et le 20 octobre, Mack et 23 000 autrichiens se rendent, ce qui porte le nombre de prisonniers autrichiens durant la campagne à 60 0006. Les Français prennent Vienne et remportent une éclatante victoire sur l'armée russo-autrichienne lors de la bataille d'Austerlitz le 2 décembre. La bataille entraine l'évacuation des troupes russes d'Europe centrale et l'humiliation de l'Autriche qui doit signer le traité de Presbourg le 26 décembre.
Les deux armées se rencontrent en février 1807 dans la sanglante mais indécise bataille d'Eylau qui coute la vie à près de 30 000 hommes. Napoléon regroupe ses forces après la bataille et poursuit les Russes dans les mois suivants. Ces affrontements atteignent leur paroxysme lors de la bataille de Friedland le 14 juin 1807 qui est une victoire sans appel pour la France. Le traité de Tilsit qui met fin à cette coalition et à deux ans d'affrontements en Europe consacre la position dominante de la France en Europe. Il affaiblit considérablement la Prusse et forme un axe franco-russe destiné à résoudre les conflits entre les nations européennes.
En 1806, Charles émit de nouvelles règles concernant l'armée et les tactiques. L'innovation principale était le concept de « mass », une formation anti-cavalerie fondée sur le carré militaire14. Cependant, les officiers autrichiens n'appréciaient pas cette tactique et elle fut rarement utilisée à moins d'être directement supervisée par Charles14. Après les défaites d'Ulm et d'Austerlitz, les Autrichiens réintroduisirent le modèle de six compagnies par bataillon en remplacement du modèle de quatre compagnies par bataillon introduit par Mack à la veille de la guerre en 180514. Les problèmes continuaient cependant en dépit des réformes. Les Autrichiens manquaient de tirailleurs pour rivaliser avec leurs équivalents français. De même, la cavalerie était souvent divisée en petites unités dispersées dans toute l'armée et ne disposait pas de la puissance des larges unités de cavalerie françaises. Même si Charles avait tenté d'introduire la structure de commandement française, les officiers autrichiens manquaient souvent d'initiative et basaient leurs décisions sur le plan initial ou sur des ordres écrits15.
Comme l'Autriche avait perdu de nombreux officiers et soldats réguliers et ne pouvait pas compter sur des alliés, elle utilisa la levée en masse employée auparavant par les Français. À ce moment, les Français remplaçaient le système de levée en faveur d'une armée professionnelle basée sur les vétérans et les troupes d'élite. Dans une étrange inversion des premières confrontations de la Révolution Française lorsque les soldats français inexpérimentés étaient poussés au combat contre l'armée professionnelle autrichienne, une large armée de conscrits autrichiens, sans expérience et un entrainement rudimentaire, était envoyée contre les troupes d'élite de la Grande Armée française.
La Grande Armée d'Allemagne était maintenant dans une position périlleuse car ses deux ailes séparées de 75 km étaient uniquement liés par le mince cordon bavarois. Berthier, les maréchaux français et les sans-grades étaient tous évidemment frustrés par l'apparente inutilité des marches et des contre-marches21. Le 16 avril, l'avant-garde autrichienne avait repoussé les bavarois jusqu'à Landshut et sécurisé un passage sur l'Isar. Napoléon arriva finalement à Donauwörth le 17 avril après une furieuse chevauchée depuis Paris. Charles se félicita de ses premiers succès et envisagea de détruire les corps isolés de Davout et de Lefebvre dans une manœuvre d'encerclement. Quand Napoléon réalisa que d'importantes troupes autrichiennes avaient déjà franchis l'Isar et marchaient vers le Danube, il insista pour que toute l'armée française soit déployée derrière l'Ilm en moins de 48 heures dans l'espoir de rattraper les erreurs de Berthier22. Ses ordres étaient cependant irréalistes car il sous-estimait le nombre de troupes autrichiennes qui avançaient vers Davout ; Napoléon croyait que Charles n'avait qu'un seul corps au-delà de l'Isar mais en fait, les Autrichiens avaient cinq corps progressant vers Ratisbonne soit 80 000 hommes22. Napoléon devait agir rapidement pour sauver son flanc gauche de la destruction.
Les premières attaques se déroulèrent bien car le Ve corps autrichien gardant Abensberg fut mis en déroute par les Français. Cependant, Napoléon agissait selon des renseignements erronés ce qui rendait ses objectifs difficiles à atteindre24. L'avancée de Masséna vers Landshut demandait trop de temps, ce qui permit à Hiller de s'échapper en traversant l'Isar au sud. Le pont sur le Danube fournissait un accès aisé à Ratisbonne et permit aux autrichiens de s'échapper ce qui empêcha la destruction complète de l'armée voulue par Napoléon. Le 20 avril, les Autrichiens avaient perdu 10 000 hommes, 30 canons et 7 000 véhicules mais représentaient toujours une force combattante redoutable24. Dans la soirée, Napoléon réalisa que les combats de la journée n'avaient impliqués de deux corps autrichiens. Charles avait encore la possibilité de s'échapper vers l'est en direction de Straubing s'il le voulait.
Le 21, Napoléon reçut une dépêche de Davout qui parlait d'affrontements majeurs près de Teugen-Hausen. Davout conserva ses positions et malgré l'envoi de renforts, environ 36 000 français affrontaient 75 000 autrichiens25. Lorsque Napoléon apprit finalement que Charles ne se retirait pas vers l'est, il réaligna l'axe de la Grande Armée dans une opération connue sous le nom de manœuvre de Landshut. Toutes les forces françaises disponibles, à l'exception des 20 000 soldats de Bessieres qui pourchassaient Hiller se précipitèrent contre Eckmühl dans une nouvelle tentative pour encercler les Autrichiens et soulager leurs camarades assiégés26. Le 22 avril, Charles avait laissé 40 000 hommes sous le commandement de Rosenburg et Hohenzollern pour attaquer Davout et Lefebvre tandis qu'il avait détaché deux corps commandés par Kollowrat et Lichtenstein pour s'emparer de la rive de l'Abbach26. À 13h00, cependant, le son du canon au sud pouvait être entendu annonçant l'arrivée de Napoléon. Davout ordonna immédiatement une attaque générale sur l'ensemble de la ligne en dépit de son infériorité numérique27. Les renforts de Napoléon décimèrent le flanc gauche autrichien. La bataille d'Eckmühl se termina par une large victoire française et Charles décida de se retirer au-delà du Danube vers Ratisbonne. Napoléon lança ensuite Masséna pour reprendre Straubing à l'est tandis que le reste de l'armée poursuivit les Autrichiens en déroute. Les Français reprirent Ratisbonne après une charge héroïque menée par Lannes mais la grande majorité des forces autrichiennes parvint à se retirer en Bohème. Napoléon tourna ensuite son attention au sud vers Vienne où il affronta plusieurs fois les forces de Hiller comme lors de la bataille d'Ebersberg le 3 mai. Dix jours plus tard, la capitale autrichienne tombe pour la deuxième fois en quatre ans.
La bataille d'Aspern-Essling commença à 14h30 le 21 mai. Les premières attaques autrichiennes mal coordonnées contre Aspern échouèrent complètement mais Charles persista. Finalement, les Autrichiens parvinrent à s'emparer de tout le village. L'attaque d'Essling ne commença pas avant 18h00 car les quatrième et cinquième colonnes avaient plus de chemin à parcourir29. Les Français repoussèrent toutes les attaques sur le village durant la journée du 21. Le 22, les combats commencèrent dès 3 h du matin et quatre heures plus tard les Français avaient repris Aspern. Napoléon disposait maintenant de 71 000 hommes et 152 canons sur l'autre rive mais les Français étaient toujours dangereusement inférieurs en nombre30. Il lança alors un assaut massif contre le centre autrichien pour donner suffisamment de temps au IIIe corps pour qu'il puisse traverser et remporter la victoire. Lannes avança avec trois divisions d'infanterie sur un kilomètre avant que les Autrichiens n'engagent leurs réserves et n'obligent les Français à se replier31. À 21h00, le pont français est une nouvelle fois détruit par de lourds chalands que les Autrichiens ont fait dériver grâce au courant. Charles lança une autre puissante offensive une heure plus tard et s'empare d'Aspern pour de bon mais ne put reprendre Essling. Cependant la ville tombe quelques heures plus tard malgré la défense obstiné d'un grenier à blé. Napoléon se retire mais la garde impériale commandée par Jean Rapp désobéit aux ordres de l'empereur et reprend Essling31. Charles poursuivit ses bombardements qui coûtèrent la vie au maréchal Lannes. Les affrontements diminuèrent peu après et les Français se replièrent sur l'île de Lobau. Les Français n'étaient pas parvenus à traverser le Danube et Charles avait infligé la première défaite majeure de la carrière militaire de Napoléon.
Le 6 juillet, Charles planifia un encerclement qui nécessitait une marche rapide des forces de son frère Jean à quelques kilomètres à l'est du champ de bataille. Le plan de Napoléon impliquait également une encerclement du flanc gauche de l'armée autrichienne par le IIIe corps de Davout tandis que le reste de l'armée bloquait les forces autrichiennes. Le IVe corps de Klenau soutenu par le IIIe de Kollowrat ouvrit les hostilités le deuxième jour à 4h00 avec un puissant assaut sur la gauche de la ligne française qui dut abandonner Aspern et Essling33. Dans le même temps, un événement consternant se produisit durant la nuit. Bernadotte avait unilatéralement retiré ses troupes du village clé d'Aderklaa du fait d'un bombardement d'artillerie ce qui compromettait sérieusement l'ensemble du dispositif français33. Napoléon était horrifié et envoya deux divisions du corps de Masséna soutenu par la cavalerie pour reprendre cette position critique. Après des combats difficiles au départ, Masséna envoya la division de réserve de Molitor, ce qui permit lentement mais surement de reprendre le contrôle d'Aderklaa avant de le reperdre après de violentes contre-attaques autrichiennes. Pour gagner du temps et permettre à l'attaque de Davout de se mettre en place, Napoléon envoya 4 000 cuirassiers contre les lignes autrichiennes34 mais leurs efforts ne menèrent à rien. Pour sécuriser son centre et sa gauche, Napoléon assembla une grande batterie de 112 canons qui commença à pilonner lourdement les lignes autrichiennes34. Comme les hommes de Davout progressaient contre la gauche autrichienne, Napoléon lança l'attaque sur le centre. les troupes furent décimée par l'artillerie autrichienne mais ils parvinrent à percer au centre, cependant l'avancée tactique ne put être exploitée du fait du manque de cavalerie dans la zone. Néanmoins, lorsque Charles jaugea la situation, il réalisa que ce n'était plus qu'une question de temps avant que le dispositif ne s'effondre complètement et il ordonna une retraite vers la Bohème dans l'après-midi. Son frère Jean arriva sur le champ de bataille à 14h00, trop tard pour avoir un quelconque impact sur le résultat et il se retira également vers la Bohême.
Les Français ne poursuivirent pas immédiatement les Autrichiens car ils étaient épuisés par deux jours de combats féroces. Après avoir récupéré, ils poursuivirent les Autrichiens et les rattrapèrent à Znaïm à la mi-juillet. Charles dut signer un armistice avec Napoléon. Les combats entre la France et l'Autriche étaient effectivement finis, bien que plusieurs mois de querelles furent encore nécessaires avant la signature du traité de paix.
Sur le théâtre d'opération du duché de Varsovie, l'archiduc Ferdinand déclencha les hostilités le 14 avril 1809. Poniatowski, avec sa petite armée de 16 000 hommes, battit les Autrichiens à Raszyn le 19 avril. Malgré cela, les polonais durent abandonner Varsovie, capitale du duché, et les forces autrichiennes occupèrent la ville, et y laissèrent une forte garnison, ce qui affaiblit l'effectif du reste de l'armée d'invasion. Poniatowski se lança alors sur les arrières autrichiens, en envahissant la Galicie, territoire autrichien issu des partages de la Pologne et dont la population accueille favorablement les troupes de Poniatowski. Durant le mois de mai, les forces polonaises prirent les principales villes de la province : Lublin (14 mai), Sandomir (18 mai), Zamość (20 mai) et Lvov (27 mai). Les Autrichiens abandonnèrent alors Varsovie le 1er juin pour défendre leur territoire et purent reprendre Lvov en juin, ce qui n’empêcha pas les polonais de se diriger vers l'ouest de cette province et d'occuper Cracovie le 15 juillet. L'armistice de Znaïm fixe également l'échec autrichien sur ce front polonais. Sur ce front, l'alliance franco-russe issue du traité de Tilsit de 1807, et à la suite de l'entrevue d'Erfurt entre Napoléon et le tsar Alexandre Ier, en octobre 1808, s'avéra illusoire : selon cette alliance, les russes devaient appuyer les polonais face aux autrichiens. Lorsque Poniatowski se lança en juin à la conquête de l'ouest de la Galicie, les russes ne cherchèrent pas à éviter le retour des troupes autrichiennes à Lvov, et cherchèrent même à occuper Cracovie avant les polonais avec l'accord tacite des autrichiens, ces derniers les laissant progresser rapidement en Galicie.
Dans le Tyrol, Andreas Hofer mena une rébellion contre la domination bavaroise et française. Le soulevement rencontra des succès initiaux mais fut écrasé après la victoire de Wagram. Hofer fut exécuté par un peloton d'exécution en 1810.
En Saxe, une force conjointe d'autrichiens et de Brunswickois sous le commandement du général Kienmayer rencontra plus de succès et défit un corps mené par le général Junot à la bataille de Gefrees. Après la chute de la capitale, Dresde, les Autrichiens repoussèrent l'armée du frère de Napoléon Jérôme Bonaparte et prirent le contrôle de toute la Saxe. Cependant à ce moment, la principale armée autrichienne avait été battue à Wagram et l'armistice de Znaïm avait été signé37.
Dans les Pays-Bas, les britanniques lancèrent l'expédition de Walcheren pour réduire la pression sur les Autrichiens. La force britannique de plus de 39 000 hommes débarqua à Walcheren le 30 juillet. Cependant, les Autrichiens avaient déjà perdu la guerre. L'expédition fut caractérisée par peu de combats et de lourdes pertes du fait du paludisme. Plus de 4 000 soldats moururent et les autres se retirèrent en décembre 180938.
L'impact du conflit ne fut pas entièrement positif du point de vue français. Les révoltes dans le Tyrol et le Royaume de Westphalie durant le conflit indiquaient que la population allemande était mécontente de la domination française. Quelques jours après la signature du traité, un allemand de 18 ans nommé Frédéric Staps tenta de poignarder l'empereur lors d'une revue militaire mais en fut empêché par le général Rapp39. Les forces naissantes du nationalisme allemand étaient déjà bien implantée à cette période et la guerre de la Cinquième Coalition joua un rôle important dans leur développement39. En 1813, lorsque la Sixième Coalition affronta les Français pour le contrôle de l'Europe centrale, les populations allemandes s'opposèrent violemment à la domination française et soutinrent largement les alliés.
La guerre sapa également la supériorité militaire française et l'image de Napoléon. La bataille d'Aspern-Essling fut la première défaite majeure de la carrière de Napoléon et fut bien accueillie dans toute l'Europe. Les Autrichiens montrèrent également que la vision stratégique et l'aptitude tactique n'étaient plus un monopole français40. Le déclin de la compétence tactique de l'infanterie française mena les Français à éviter les manœuvres et à compter sur le simple poids du nombre pour réussir une percée comme l'a montré l'attaque de MacDonald à Wagram40.
La Grande Armée perdit de sa force car les vétérans disparus à Austerlitz et à Iena furent remplacés par des conscrits41. De plus, les armées de Napoléon étaient de plus en plus composées de soldats étrangers ce qui sapait le moral41. Même si Napoléon continuait de manœuvrer avec sa brillance habituelle, comme l'a montré le redressement spectaculaire des positions françaises, la taille de plus en plus importante de ses armées rendait difficile leur utilisation même pour lui41. L'étendue de la guerre augmentait trop vite pour que Napoléon puisse complètement maitriser les opérations militaires. Cela lui fut fatal lors de l'invasion de la Russie en 181241.
Le traité de Schönbrunn qui met fin au conflit est extrêmement dur pour l'Autriche. Metternich et l'archiduc Charles avaient la préservation de l'Empire d'Autriche comme objectif fondamental et firent de larges concessions pour obtenir une alliance franco-autrichienne et un traité d'amitié1. Si la plupart des terres héréditaires restaient aux mains des Habsbourgs, l'Autriche dut céder les Provinces illyriennes à la France, la Galicie occidentale au Duché de Varsovie, le Tyrol au Royaume de Bavière1 et la région de Tarnopol à la Russie. L'Autriche perd trois millions d'habitants soit un cinquième de sa population totale2. Malgré la poursuite des combats dans la péninsule ibérique, la guerre de la Cinquième Coalition est le dernier conflit majeur en Europe jusqu'à ce que l'invasion française de la Russie en 1812 n'entraine la création de la Sixième Coalition.
Contexte
Depuis 1792, l'Europe est en état de guerre quasi permanent opposant la France révolutionnaire à une série de coalitions. Après cinq ans d'affrontements, la Première République remporta la victoire sur la Première Coalition. Une Deuxième Coalition fut formée en 1798 mais elle est battue. En mars 1802, la France (gouvernée par Napoléon en tant que Premier consul) et la Grande-Bretagne acceptent de mettre fin aux hostilités lors du traité d'Amiens. Pour la première fois en dix ans, l'Europe était en paix. Cependant de nombreux différends restaient non résolus et la mise en place des accords signés à Amiens était délicate. La Grande-Bretagne supportait mal la restitution de toutes ses conquêtes coloniales depuis 1793 alors que la France put conserver la plupart de ses conquêtes en Europe. La France, de son côté, n'appréciait pas le maintien des troupes britanniques sur l'île de Malte3. En mai 1803, le Royaume-Uni déclare la guerre à la France.Troisième Coalition (1804–1805)
Article principal : Troisième Coalition.
Avec la reprise des hostilités, Napoléon (proclamé empereur en 1804) planifia l'invasion du Royaume-Uni. En décembre 1804, un accord entre la Suède et le Royaume-Uni donna naissance à la Troisième Coalition. Le premier ministre britannique William Pitt
passa les années 1804-1805 à essayer de former une nouvelle coalition
contre la France. Les méfiances réciproques entre le Royaume-Uni et l'Empire russe furent apaisées par les erreurs françaises et les deux signèrent un traité d'alliance en avril 18054.
Alarmée par les récentes avancées françaises dans le nord de l'Italie
et souhaitant prendre sa revanche sur la France, l'Autriche rejoignit la
coalition quelques mois plus tard5.En aout 1805, la Grande Armée française envahit les états allemands dans l'espoir d'écraser l'Autriche avant l'intervention russe. Le 25 aout, 200 000 soldats français franchissent le Rhin sur un front de 260 km6. Karl Mack avait rassemblé la plus grande partie de l'armée autrichienne à la forteresse d'Ulm en Bavière. Napoléon planifia une manœuvre de contournement qui lui permettrait d'attaquer l'arrière des autrichiens. La manœuvre d'Ulm est bien exécutée et le 20 octobre, Mack et 23 000 autrichiens se rendent, ce qui porte le nombre de prisonniers autrichiens durant la campagne à 60 0006. Les Français prennent Vienne et remportent une éclatante victoire sur l'armée russo-autrichienne lors de la bataille d'Austerlitz le 2 décembre. La bataille entraine l'évacuation des troupes russes d'Europe centrale et l'humiliation de l'Autriche qui doit signer le traité de Presbourg le 26 décembre.
Quatrième Coalition (1806–1807)
Article principal : Quatrième Coalition.
La bataille d'Austerlitz entraina un changement majeur dans l'équilibre des puissances en Europe. La Prusse
s'inquiétait de sa sécurité et avec la Russie, elle déclare la guerre à
la France en 1806. 180 000 soldats français envahissent la Prusse au
cours de l'automne 1806 en passant à travers la Forêt de Thuringe, sans savoir où se trouvait l'armée prussienne7. La bataille décisive eut lieu le 14 octobre lorsque les 90 000 Français commandés par Napoléon écrasèrent Hohenloe à la bataille d'Iéna mais Davout et ses 27 000 hommes surprend tout le monde en remportant une éclatante victoire sur les 63 000 Prussiens commandés par le roi Frédéric-Guillaume III et le duc de Brunswick lors de la bataille d'Auerstaedt8.
L'armée française se lance ensuite à la poursuite des restes de l'armée
prussienne dans le nord de l'Allemagne puis entre en Pologne, alors divisée entre la Prusse, l'Autriche et la Russie, pour affronter les troupes russes qui n'avaient pas pu sauver la Prusse.Les deux armées se rencontrent en février 1807 dans la sanglante mais indécise bataille d'Eylau qui coute la vie à près de 30 000 hommes. Napoléon regroupe ses forces après la bataille et poursuit les Russes dans les mois suivants. Ces affrontements atteignent leur paroxysme lors de la bataille de Friedland le 14 juin 1807 qui est une victoire sans appel pour la France. Le traité de Tilsit qui met fin à cette coalition et à deux ans d'affrontements en Europe consacre la position dominante de la France en Europe. Il affaiblit considérablement la Prusse et forme un axe franco-russe destiné à résoudre les conflits entre les nations européennes.
Guerre en Espagne (1807–1809)
Article principal : Guerre d'indépendance espagnole.
Le 17 octobre 1807, 24 0009 soldats français commandées par le général Junot franchissent les Pyrénées avec l'accord de l'Espagne et avancent en direction du Portugal pour faire appliquer le Blocus continental de Napoléon. Il s'agissait de la première étape de la Guerre d'Espagne
qui durera six ans et sapera la puissance française. Tout au long de
l'hiver 1807-1808, les agents français devinrent de plus en plus
impliqués dans les affaires intérieures et tentèrent de semer la
discorde parmi les membres de la famille royale espagnole. Le 16 février
1808, les machinations secrètes françaises se matérialisèrent lorsque
Napoléon annonça qu'il interviendrait en tant que médiateur entre les
factions rivales de la monarchie espagnole10. Le maréchal Murat mena 120 000 soldats en Espagne et arriva à Madrid le 24 mars11
où de violentes émeutes contre l'occupation avaient éclatées quelques
semaines auparavant. La résistance à l'agression française se répandit
dans tout le pays. La défaite inattendue des Français lors de la bataille de Bailén
donna de l'espoir aux opposants de Napoléon et persuada l'empereur
d'intervenir en personne. Une nouvelle armée française commandée par
Napoléon franchit l'Èbre
à l'automne et écrase toutes les armées espagnoles qu'elle affronte.
Napoléon entre dans Madrid le 4 décembre avec 80 000 hommes12. Il lance ensuite ses troupes contre les forces britanniques de Moore. Les britanniques sont rapidement chassés de la côte et de toute la péninsule après la bataille de La Corogne en janvier 1809.Solitude de l'Autriche
L'Autriche cherchait une nouvelle confrontation avec la France pour venger les récentes défaites et l'évolution de la guerre en Espagne encouragea cette attitude. L'Autriche ne pouvait pas compter sur la Russie car elle était en guerre avec la Grande-Bretagne, la Suède (l'Autriche ne pouvait donc pas non plus compter sur la Suède) et l'Empire ottoman. Frédéric-Guillaume III de Prusse avait initialement promis d'aider l'Autriche mais se renia avant le déclenchement de la guerre13. Un rapport du ministre des finances autrichien prévoyait la faillite vers le milieu de l'année 1809 si la large armée formée depuis la Troisième Coalition restait mobilisée13. Même si Charles Louis d'Autriche avait averti que les Autrichiens n'étaient pas près pour une nouvelle confrontation avec Napoléon, une position qui le plaçait du côté du soi-disant "parti de la paix", il ne voulait pas démobiliser l'armée13. Le 8 février 1809, les bellicistes au sein du gouvernement impérial eurent finalement gain de cause et décidèrent secrètement de mener une guerre contre la France.Réformes autrichiennes
Le désastre d'Austerlitz et le traité de Presbourg de 1805 indiquaient que l'armée autrichienne avait besoin de réformes. Napoléon avait offert le trône d'Autriche à Charles après Austerlitz, ce qui lui valut la méfiance de son frère, l'empereur François II d'Autriche. Même si Charles était autorisé à mener des réformes dans l'armée autrichienne, François conservait le contrôle du Hofkriegsrat (Conseil aulique) afin de superviser les activités de Charles en tant que commandant suprême14.En 1806, Charles émit de nouvelles règles concernant l'armée et les tactiques. L'innovation principale était le concept de « mass », une formation anti-cavalerie fondée sur le carré militaire14. Cependant, les officiers autrichiens n'appréciaient pas cette tactique et elle fut rarement utilisée à moins d'être directement supervisée par Charles14. Après les défaites d'Ulm et d'Austerlitz, les Autrichiens réintroduisirent le modèle de six compagnies par bataillon en remplacement du modèle de quatre compagnies par bataillon introduit par Mack à la veille de la guerre en 180514. Les problèmes continuaient cependant en dépit des réformes. Les Autrichiens manquaient de tirailleurs pour rivaliser avec leurs équivalents français. De même, la cavalerie était souvent divisée en petites unités dispersées dans toute l'armée et ne disposait pas de la puissance des larges unités de cavalerie françaises. Même si Charles avait tenté d'introduire la structure de commandement française, les officiers autrichiens manquaient souvent d'initiative et basaient leurs décisions sur le plan initial ou sur des ordres écrits15.
Comme l'Autriche avait perdu de nombreux officiers et soldats réguliers et ne pouvait pas compter sur des alliés, elle utilisa la levée en masse employée auparavant par les Français. À ce moment, les Français remplaçaient le système de levée en faveur d'une armée professionnelle basée sur les vétérans et les troupes d'élite. Dans une étrange inversion des premières confrontations de la Révolution Française lorsque les soldats français inexpérimentés étaient poussés au combat contre l'armée professionnelle autrichienne, une large armée de conscrits autrichiens, sans expérience et un entrainement rudimentaire, était envoyée contre les troupes d'élite de la Grande Armée française.
Préparatifs autrichiens
Charles et le conseil aulique étaient divisés sur la stratégie à suivre. Charles voulait une puissante poussée depuis la Bohème afin d'isoler les forces françaises en Allemagne du Nord et achever rapidement les hostilités16. La plus grande partie de l'armée autrichienne étant déjà positionnée dans cette zone, cela semblait l'opération la plus logique16. Le conseil aulique était cependant réticent car le Danube diviserait les forces de Charles et celles de son frère, l'archiduc Jean16. Il suggéra à la place que l'attaque principale devait être lancée au sud du Danube pour pouvoir maintenir des communications aisées avec Vienne16. Le conseil l'emporta mais un temps précieux avait été perdu. Le plan d'attaque autrichien prévoyait que les 38 000 hommes de Bellegarde et les 20 000 hommes de Kollowrat devaient attaquer Ratisbonne à partir des montagnes bohèmes en passant par le district de Cham. Le centre et les réserves autrichiens comprenant 66 000 hommes devaient également avancer sur Ratisbonne en passant par Schärding et les 61 000 soldats de l'aile gauche menés par Kienmayer devaient prendre Landshut et sécuriser le flanc gauche de l'offensive17. Par ailleurs, un corps d'armée de 32 000 hommes, commandé par l'archiduc Ferdinand, était placé en Galicie afin d'envahir le duché de Varsovie, allié et vassal de l'empire français et où stationnait la petite armée polonaise du général Józef Poniatowski.Préparatifs français
Napoléon n'était pas entièrement certain des intentions autrichiennes. Il était à Paris et conseillait le principal commandant français dans le Sud de l'Allemagne, Berthier sur les points stratégiques et le déploiement des forces. Il prévoyait de faire de la vallée du Danube le principal théâtre d'opération comme il l'avait fait en 1805 et pour empêcher une invasion autrichienne de l'Italie du Nord, il déploya des unités commandées par Eugène de Beauharnais et Marmont18. De mauvais renseignements donnèrent à Napoléon l'impression que l'attaque autrichienne principale viendrait au nord du Danube19 et le 30 mars, il écrivit une lettre à Berthier expliquant son intention de masser 140 000 soldats aux alentours de Ratisbonne, bien plus au nord d'où les Autrichiens prévoyaient d'attaquer18. Ces erreurs de jugements firent que l'armée française était mal positionnée au début des hostilités.Opérations militaires
L'Autriche frappe la première
Au matin du 10 avril, des éléments d'avant-garde de l'armée autrichienne franchirent l'Inn et entrèrent en Bavière. Les mauvaises routes et le temps pluvieux ralentirent l'avancée autrichienne durant la première semaine mais les unités bavaroises durent lentement se retirer. L'attaque autrichienne arriva une semaine avant ce que Napoléon avait anticipé et en son absence, le rôle de Berthier devint critique. Berthier se révéla être un mauvais commandant, une caractéristique aggravée par le fait que plusieurs messages de Paris arrivèrent en retard et furent mal interprétés lorsqu'ils arrivèrent au quartier général20. Alors que Napoléon avait écrit à Berthier qu'une attaque autrichienne avant le 15 avril devrait être reçue par une concentration française autour de Donauwörth et d'Augsbourg, Berthier se concentra sur une phrase appelant Davout à stationner son IIIe corps autour de Ratisbonne et ordonna au « maréchal de fer » de progresser sur la ville en dépit de la pression autrichienne20.La Grande Armée d'Allemagne était maintenant dans une position périlleuse car ses deux ailes séparées de 75 km étaient uniquement liés par le mince cordon bavarois. Berthier, les maréchaux français et les sans-grades étaient tous évidemment frustrés par l'apparente inutilité des marches et des contre-marches21. Le 16 avril, l'avant-garde autrichienne avait repoussé les bavarois jusqu'à Landshut et sécurisé un passage sur l'Isar. Napoléon arriva finalement à Donauwörth le 17 avril après une furieuse chevauchée depuis Paris. Charles se félicita de ses premiers succès et envisagea de détruire les corps isolés de Davout et de Lefebvre dans une manœuvre d'encerclement. Quand Napoléon réalisa que d'importantes troupes autrichiennes avaient déjà franchis l'Isar et marchaient vers le Danube, il insista pour que toute l'armée française soit déployée derrière l'Ilm en moins de 48 heures dans l'espoir de rattraper les erreurs de Berthier22. Ses ordres étaient cependant irréalistes car il sous-estimait le nombre de troupes autrichiennes qui avançaient vers Davout ; Napoléon croyait que Charles n'avait qu'un seul corps au-delà de l'Isar mais en fait, les Autrichiens avaient cinq corps progressant vers Ratisbonne soit 80 000 hommes22. Napoléon devait agir rapidement pour sauver son flanc gauche de la destruction.
La manœuvre de Landshut
Davout anticipa le danger et retira ses troupes de Ratisbonne en ne laissant qu'une garnison de 2 000 hommes23. Les colonnes autrichiennes avançant vers le nord dans la région de Kelheim-Abbach rencontrèrent quatre colonnes françaises progressant vers l'ouest en direction de Neustadt au début du 19 avril. Les attaques autrichiennes furent lentes, mal-coordonnées et aisément repoussés par les vétérans du IIIe corps français. Napoléon savait que des combats avaient lieu dans le secteur de Davout et planifia une nouvelle stratégie pour battre les Autrichiens : Tandis que les Autrichiens attaquaient au nord, le corps de Masséna, plus tard renforcé par les forces de Oudinot pourraient attaquer au sud-est en direction de Freising et de Landshut dans l'espoir d'encercler la totalité de la ligne autrichienne et de soulager la pression sur les troupes de Davout24. Napoléon était raisonnablement confiant dans la capacité de Davout et de Lefebvre à fixer les Autrichiens pendant que ses autres forces balayeraient les arrières des autrichiens.Les premières attaques se déroulèrent bien car le Ve corps autrichien gardant Abensberg fut mis en déroute par les Français. Cependant, Napoléon agissait selon des renseignements erronés ce qui rendait ses objectifs difficiles à atteindre24. L'avancée de Masséna vers Landshut demandait trop de temps, ce qui permit à Hiller de s'échapper en traversant l'Isar au sud. Le pont sur le Danube fournissait un accès aisé à Ratisbonne et permit aux autrichiens de s'échapper ce qui empêcha la destruction complète de l'armée voulue par Napoléon. Le 20 avril, les Autrichiens avaient perdu 10 000 hommes, 30 canons et 7 000 véhicules mais représentaient toujours une force combattante redoutable24. Dans la soirée, Napoléon réalisa que les combats de la journée n'avaient impliqués de deux corps autrichiens. Charles avait encore la possibilité de s'échapper vers l'est en direction de Straubing s'il le voulait.
Le 21, Napoléon reçut une dépêche de Davout qui parlait d'affrontements majeurs près de Teugen-Hausen. Davout conserva ses positions et malgré l'envoi de renforts, environ 36 000 français affrontaient 75 000 autrichiens25. Lorsque Napoléon apprit finalement que Charles ne se retirait pas vers l'est, il réaligna l'axe de la Grande Armée dans une opération connue sous le nom de manœuvre de Landshut. Toutes les forces françaises disponibles, à l'exception des 20 000 soldats de Bessieres qui pourchassaient Hiller se précipitèrent contre Eckmühl dans une nouvelle tentative pour encercler les Autrichiens et soulager leurs camarades assiégés26. Le 22 avril, Charles avait laissé 40 000 hommes sous le commandement de Rosenburg et Hohenzollern pour attaquer Davout et Lefebvre tandis qu'il avait détaché deux corps commandés par Kollowrat et Lichtenstein pour s'emparer de la rive de l'Abbach26. À 13h00, cependant, le son du canon au sud pouvait être entendu annonçant l'arrivée de Napoléon. Davout ordonna immédiatement une attaque générale sur l'ensemble de la ligne en dépit de son infériorité numérique27. Les renforts de Napoléon décimèrent le flanc gauche autrichien. La bataille d'Eckmühl se termina par une large victoire française et Charles décida de se retirer au-delà du Danube vers Ratisbonne. Napoléon lança ensuite Masséna pour reprendre Straubing à l'est tandis que le reste de l'armée poursuivit les Autrichiens en déroute. Les Français reprirent Ratisbonne après une charge héroïque menée par Lannes mais la grande majorité des forces autrichiennes parvint à se retirer en Bohème. Napoléon tourna ensuite son attention au sud vers Vienne où il affronta plusieurs fois les forces de Hiller comme lors de la bataille d'Ebersberg le 3 mai. Dix jours plus tard, la capitale autrichienne tombe pour la deuxième fois en quatre ans.
Aspern-Essling
Article principal : Bataille d'Essling.
Les 16 et 17 mai, la principale armée autrichienne commandée par
Charles arriva dans le Marchfeld, une plaine au nord-est de Vienne juste
au-delà du Danube qui servait souvent de zone d'entrainement pour les
forces militaires autrichiennes. Charles garda le gros de ses forces à
plusieurs kilomètres derrière le fleuve afin de pouvoir déployer ses
troupes où Napoléon déciderait d'attaquer. Le 20 mai, Charles apprit par
ses observateurs sur la colline de Bissam que les Français
construisaient un pont à Kaiser-Ebersdorf28 juste au sud-ouest de l'île de Lobau
qui menait au Marchfeld. Le 21, les Français franchirent le Danube de
vive force à Kaiser-Ebersdorf et Charles ordonna une avance générale de
ses 98 000 hommes et 292 canons organisés en cinq colonnes29.
La tête de pont française reposait sur deux villages : Aspern à l'ouest
et Essling à l'est. Napoléon n'avait pas prévu de rencontrer une
opposition et les ponts reliant les troupes françaises d'Aspern-Essling à
Lobau n'étaient pas protégés avec des palissades, ce qui les rendaient hautement vulnérables face aux navires autrichiens qui auraient été enflammés29.La bataille d'Aspern-Essling commença à 14h30 le 21 mai. Les premières attaques autrichiennes mal coordonnées contre Aspern échouèrent complètement mais Charles persista. Finalement, les Autrichiens parvinrent à s'emparer de tout le village. L'attaque d'Essling ne commença pas avant 18h00 car les quatrième et cinquième colonnes avaient plus de chemin à parcourir29. Les Français repoussèrent toutes les attaques sur le village durant la journée du 21. Le 22, les combats commencèrent dès 3 h du matin et quatre heures plus tard les Français avaient repris Aspern. Napoléon disposait maintenant de 71 000 hommes et 152 canons sur l'autre rive mais les Français étaient toujours dangereusement inférieurs en nombre30. Il lança alors un assaut massif contre le centre autrichien pour donner suffisamment de temps au IIIe corps pour qu'il puisse traverser et remporter la victoire. Lannes avança avec trois divisions d'infanterie sur un kilomètre avant que les Autrichiens n'engagent leurs réserves et n'obligent les Français à se replier31. À 21h00, le pont français est une nouvelle fois détruit par de lourds chalands que les Autrichiens ont fait dériver grâce au courant. Charles lança une autre puissante offensive une heure plus tard et s'empare d'Aspern pour de bon mais ne put reprendre Essling. Cependant la ville tombe quelques heures plus tard malgré la défense obstiné d'un grenier à blé. Napoléon se retire mais la garde impériale commandée par Jean Rapp désobéit aux ordres de l'empereur et reprend Essling31. Charles poursuivit ses bombardements qui coûtèrent la vie au maréchal Lannes. Les affrontements diminuèrent peu après et les Français se replièrent sur l'île de Lobau. Les Français n'étaient pas parvenus à traverser le Danube et Charles avait infligé la première défaite majeure de la carrière militaire de Napoléon.
Wagram
Article principal : Bataille de Wagram.
Après sa défaite à Aspern-Essling, Napoléon passa six semaines à
planifier son offensive pour parer à toute éventualité avant de tenter
une nouvelle traversée du Danube32.
Les Français amenèrent plus de soldats, de canons et mirent en place de
meilleures mesures défensives pour assurer le succès de la prochaine
traversée. Du 30 juin aux premiers jours du mois de juillet, les
Français franchirent le Danube de vive force avec pas moins de 188 000
hommes marchant à travers le Marchfeld en direction des Autrichiens32. Initialement, la seule résistance fut celle des divisions avancées de Nordmann et de Johann von Klenau car le gros de l'armée se tenait 8 km en retrait autour du village de Wagram33.
Après avoir réussi la traversée, Napoléon ordonna une offensive
générale pour éviter que les Autrichiens ne puissent s'échapper durant
la nuit. De violents assauts menés par le contre le village de
Baumersdorf permirent aux Français de remporter une victoire presque
immédiate mais finalement, les Autrichiens réussirent à tenir leurs
positions et bloquèrent l'avancée française. Des attaques incessantes de
la cavalerie de Vincent Chevauleger forcèrent les unités à se retirer,
laissant les Français sans gains. De nouvelles attaques sur la gauche de
la ligne menées par MacDonald
ne permirent aucune avancée significative. À la fin du premier jour,
les Français avaient pris pied dans le Marchfeld mais ils ne purent
aller plus loin.Le 6 juillet, Charles planifia un encerclement qui nécessitait une marche rapide des forces de son frère Jean à quelques kilomètres à l'est du champ de bataille. Le plan de Napoléon impliquait également une encerclement du flanc gauche de l'armée autrichienne par le IIIe corps de Davout tandis que le reste de l'armée bloquait les forces autrichiennes. Le IVe corps de Klenau soutenu par le IIIe de Kollowrat ouvrit les hostilités le deuxième jour à 4h00 avec un puissant assaut sur la gauche de la ligne française qui dut abandonner Aspern et Essling33. Dans le même temps, un événement consternant se produisit durant la nuit. Bernadotte avait unilatéralement retiré ses troupes du village clé d'Aderklaa du fait d'un bombardement d'artillerie ce qui compromettait sérieusement l'ensemble du dispositif français33. Napoléon était horrifié et envoya deux divisions du corps de Masséna soutenu par la cavalerie pour reprendre cette position critique. Après des combats difficiles au départ, Masséna envoya la division de réserve de Molitor, ce qui permit lentement mais surement de reprendre le contrôle d'Aderklaa avant de le reperdre après de violentes contre-attaques autrichiennes. Pour gagner du temps et permettre à l'attaque de Davout de se mettre en place, Napoléon envoya 4 000 cuirassiers contre les lignes autrichiennes34 mais leurs efforts ne menèrent à rien. Pour sécuriser son centre et sa gauche, Napoléon assembla une grande batterie de 112 canons qui commença à pilonner lourdement les lignes autrichiennes34. Comme les hommes de Davout progressaient contre la gauche autrichienne, Napoléon lança l'attaque sur le centre. les troupes furent décimée par l'artillerie autrichienne mais ils parvinrent à percer au centre, cependant l'avancée tactique ne put être exploitée du fait du manque de cavalerie dans la zone. Néanmoins, lorsque Charles jaugea la situation, il réalisa que ce n'était plus qu'une question de temps avant que le dispositif ne s'effondre complètement et il ordonna une retraite vers la Bohème dans l'après-midi. Son frère Jean arriva sur le champ de bataille à 14h00, trop tard pour avoir un quelconque impact sur le résultat et il se retira également vers la Bohême.
Les Français ne poursuivirent pas immédiatement les Autrichiens car ils étaient épuisés par deux jours de combats féroces. Après avoir récupéré, ils poursuivirent les Autrichiens et les rattrapèrent à Znaïm à la mi-juillet. Charles dut signer un armistice avec Napoléon. Les combats entre la France et l'Autriche étaient effectivement finis, bien que plusieurs mois de querelles furent encore nécessaires avant la signature du traité de paix.
Autres théâtres
En Italie, l'archiduc Jean attaqua le beau-fils de Napoléon, Eugène de Beauharnais. Les Autrichiens repoussèrent plusieurs assauts français lors de la bataille de Sacile en avril. Eugène dut se replier sur Vérone et sur l'Adige afin de regrouper ses forces pour lancer une offensive mieux préparée, qui permit d'expulser les Autrichiens du nord de l'Italie. L'armée franco-italienne commandée par le vice-roi Eugène de Beauharnais, poursuivit l'armée de l'archiduc Jean aux frontières de la Hongrie, au cœur de l'empire autrichien, et battit cette dernière lors de la bataille de Raab, le 14 juin 1809. Cette bataille repoussa l'armée de l'archiduc plus à l'est et l'empêcha de rejoindre l'armée principale autrichienne de l'archiduc Charles à Wagram. Les forces d'Eugène purent en revanche rejoindre l'armée principale de Napoléon35. En Dalmatie, Marmont, sous le commandement nominal d'Eugène, combattit contre le général Stoichewich. Marmont lança une offensive dans les montagnes le 30 avril mais il fut repoussé par les "grenzers"36. En dépit des revers initiaux, Marmont continua ses attaques et rejoignit Napoléon à Wagram.Sur le théâtre d'opération du duché de Varsovie, l'archiduc Ferdinand déclencha les hostilités le 14 avril 1809. Poniatowski, avec sa petite armée de 16 000 hommes, battit les Autrichiens à Raszyn le 19 avril. Malgré cela, les polonais durent abandonner Varsovie, capitale du duché, et les forces autrichiennes occupèrent la ville, et y laissèrent une forte garnison, ce qui affaiblit l'effectif du reste de l'armée d'invasion. Poniatowski se lança alors sur les arrières autrichiens, en envahissant la Galicie, territoire autrichien issu des partages de la Pologne et dont la population accueille favorablement les troupes de Poniatowski. Durant le mois de mai, les forces polonaises prirent les principales villes de la province : Lublin (14 mai), Sandomir (18 mai), Zamość (20 mai) et Lvov (27 mai). Les Autrichiens abandonnèrent alors Varsovie le 1er juin pour défendre leur territoire et purent reprendre Lvov en juin, ce qui n’empêcha pas les polonais de se diriger vers l'ouest de cette province et d'occuper Cracovie le 15 juillet. L'armistice de Znaïm fixe également l'échec autrichien sur ce front polonais. Sur ce front, l'alliance franco-russe issue du traité de Tilsit de 1807, et à la suite de l'entrevue d'Erfurt entre Napoléon et le tsar Alexandre Ier, en octobre 1808, s'avéra illusoire : selon cette alliance, les russes devaient appuyer les polonais face aux autrichiens. Lorsque Poniatowski se lança en juin à la conquête de l'ouest de la Galicie, les russes ne cherchèrent pas à éviter le retour des troupes autrichiennes à Lvov, et cherchèrent même à occuper Cracovie avant les polonais avec l'accord tacite des autrichiens, ces derniers les laissant progresser rapidement en Galicie.
Dans le Tyrol, Andreas Hofer mena une rébellion contre la domination bavaroise et française. Le soulevement rencontra des succès initiaux mais fut écrasé après la victoire de Wagram. Hofer fut exécuté par un peloton d'exécution en 1810.
En Saxe, une force conjointe d'autrichiens et de Brunswickois sous le commandement du général Kienmayer rencontra plus de succès et défit un corps mené par le général Junot à la bataille de Gefrees. Après la chute de la capitale, Dresde, les Autrichiens repoussèrent l'armée du frère de Napoléon Jérôme Bonaparte et prirent le contrôle de toute la Saxe. Cependant à ce moment, la principale armée autrichienne avait été battue à Wagram et l'armistice de Znaïm avait été signé37.
Dans les Pays-Bas, les britanniques lancèrent l'expédition de Walcheren pour réduire la pression sur les Autrichiens. La force britannique de plus de 39 000 hommes débarqua à Walcheren le 30 juillet. Cependant, les Autrichiens avaient déjà perdu la guerre. L'expédition fut caractérisée par peu de combats et de lourdes pertes du fait du paludisme. Plus de 4 000 soldats moururent et les autres se retirèrent en décembre 180938.
Conséquences
Le traité de Schönbrunn signé le 14 octobre 1809 était très dur envers l'Autriche. La France recevait la Carinthie, la Carniole et les ports de l'Adriatique tandis que la Galicie était cédée aux polonais et le Tyrol aux bavarois. L'Empire d'Autriche perdait trois millions d'habitants soit environ 20 % de la population totale. L'empereur François acceptait également de payer une lourde indemnité, reconnaissait le frère de Napoléon, Joseph comme roi d'Espagne et réaffirmait son soutien au blocus continental2. L'armée autrichienne ne dépassera jamais plus les 150 000 hommes jusqu'à la fin des guerres napoléoniennes2. La défaite autrichienne ouvrait la voie au mariage de Napoléon et de la fille de l'empereur François, Marie-Louise d'Autriche. Napoléon pensait que ce mariage éliminerait une future menace autrichienne mais la politique des Habsbourgs n'était pas aussi liées aux liens familiaux que Napoléon l'avait pensé.L'impact du conflit ne fut pas entièrement positif du point de vue français. Les révoltes dans le Tyrol et le Royaume de Westphalie durant le conflit indiquaient que la population allemande était mécontente de la domination française. Quelques jours après la signature du traité, un allemand de 18 ans nommé Frédéric Staps tenta de poignarder l'empereur lors d'une revue militaire mais en fut empêché par le général Rapp39. Les forces naissantes du nationalisme allemand étaient déjà bien implantée à cette période et la guerre de la Cinquième Coalition joua un rôle important dans leur développement39. En 1813, lorsque la Sixième Coalition affronta les Français pour le contrôle de l'Europe centrale, les populations allemandes s'opposèrent violemment à la domination française et soutinrent largement les alliés.
La guerre sapa également la supériorité militaire française et l'image de Napoléon. La bataille d'Aspern-Essling fut la première défaite majeure de la carrière de Napoléon et fut bien accueillie dans toute l'Europe. Les Autrichiens montrèrent également que la vision stratégique et l'aptitude tactique n'étaient plus un monopole français40. Le déclin de la compétence tactique de l'infanterie française mena les Français à éviter les manœuvres et à compter sur le simple poids du nombre pour réussir une percée comme l'a montré l'attaque de MacDonald à Wagram40.
La Grande Armée perdit de sa force car les vétérans disparus à Austerlitz et à Iena furent remplacés par des conscrits41. De plus, les armées de Napoléon étaient de plus en plus composées de soldats étrangers ce qui sapait le moral41. Même si Napoléon continuait de manœuvrer avec sa brillance habituelle, comme l'a montré le redressement spectaculaire des positions françaises, la taille de plus en plus importante de ses armées rendait difficile leur utilisation même pour lui41. L'étendue de la guerre augmentait trop vite pour que Napoléon puisse complètement maitriser les opérations militaires. Cela lui fut fatal lors de l'invasion de la Russie en 181241.
Annexes
Bibliographie
- (en) Brooks, Richard (editor). Atlas of World Military History. London: HarperCollins, 2000. ISBN 0-7607-2025-8
- (en) Chandler, David G. The Campaigns of Napoleon. New York: Simon & Schuster, 1995. ISBN 0-02-523660-1
- (en) Fisher, Todd & Fremont-Barnes, Gregory. The Napoleonic Wars: The Rise and Fall of an Empire. Oxford: Osprey Publishing Ltd., 2004. ISBN 1-84176-831-6
- (en) Petre, F. Loraine. Napoleon and the Archduke Charles, Kessinger Publishing (2003). ISBN 0-7661-7385-2
- (en) Uffindell, Andrew (trad. du russe), Great Generals of the Napoleonic Wars, Staplehurst, Spellmount Ltd, , 1e éd. (ISBN 978-1-86227-177-7, LCCN 2003447125)
Articles connexes
- Première Coalition
- Deuxième Coalition
- Troisième Coalition
- Quatrième Coalition
- Sixième Coalition
- Septième Coalition
- Guerre d'indépendance espagnole
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « War of the Fifth Coalition » (voir la liste des auteurs).
- Todd Fisher & Gregory Fremont-Barnes, The Napoleonic Wars: The Rise and Fall of an Empire. p. 144
- David G. Chandler, The Campaigns of Napoleon. p. 732.
- Chandler p. 304
- Chandler p. 328. La mer Baltique était dominée par la Russie, une situation pénible pour le Royaume-Uni car elle fournissait de nombreuses ressources comme le bois, le goudron ou le chanvre à l'Empire britannique. De plus, la Grande-Bretagne soutenait l'Empire ottoman contre les incursions russes en Méditerranée. Cependant, les réorganisations territoriales françaises en Allemagne s'étaient faites sans consultation avec la Russie et les annexions napoléoniennes dans la vallée du Pô avaient tendues les relations entre les deux pays.
- Chandler p. 331
- Andrew Uffindell, Great Generals of the Napoleonic Wars. p. 15
- David G. Chandler, The Campaigns of Napoleon. p. 469.
- Chandler pp. 479–502.
- Todd Fisher & Gregory Fremont-Barnes, The Napoleonic Wars: The Rise and Fall of an Empire. p. 197
- Fisher & Fremont-Barnes pp. 198–99
- Fisher & Fremont-Barnes p. 199
- Fisher & Fremont-Barnes p. 205
- Fisher & Fremont-Barnes p. 106
- Fisher & Fremont-Barnes p. 108
- Fisher & Fremont-Barnes pp. 108–9
- David G. Chandler, The Campaigns of Napoleon. p. 676.
- Chandler pp. 676–77
- Chandler p. 671
- Chandler p. 672
- Chandler pp. 678–79
- Chandler p. 679
- Chandler p. 681
- Chandler p. 682
- Chandler p. 683
- Chandler p. 689
- Chandler p. 690
- Chandler p. 691
- Andrew Uffindell, Great Generals of the Napoleonic Wars. p. 174
- Uffindell, p. 175
- Uffindell, p. 178
- Uffindell, pp. 178–79
- David G. Chandler, The Campaigns of Napoleon. p. 708.
- Todd Fisher & Gregory Fremont-Barnes, The Napoleonic Wars: The Rise and Fall of an Empire. p. 134
- Fisher & Fremont-Barnes p. 141
- Fisher & Fremont-Barnes p. 122
- Fisher & Fremont-Barnes p. 123
- F. Loraine Petre, Napoleon and the Archduke Charles. p. 318
- The British Expeditionary Force to Walcheren: 1809 The Napoleon Series, consulté le 5 septembre 2006.
- Chandler p. 736.
- Richard Brooks (editor), Atlas of World Military History. p. 115
- Brooks (editor) p. 114
Maximilien de Tour et Taxis
Maximilien Antoine Lamoral, prince héritier de Thurn und Taxis (né le 28 septembre 1831 à Ratisbonne - décédé le 26 juin 1867 à Ratisbonne).
Le 24 août 1858, il épouse à Possenhofen la duchesse Hélène en Bavière, cousine utérine du roi Maximilien II de Bavière et sœur de l'impératrice Élisabeth d'Autriche dont il aura quatre enfants.
Ce mariage ne se fit pas sans difficulté puisque le roi Maximilien II de Bavière refusa tout d'abord à sa cousine le droit d'épouser un prince n'appartenant pas à une maison royale.
Cependant, la duchesse Hélène reçut un soutien important de la part de son beau-frère et de sa sœur, l'empereur François-Joseph Ier d'Autriche et l'impératrice Élisabeth (« Sissi »).
En effet, cinq ans plus tôt, la duchesse Hélène avait été pressentie pour épouser le jeune empereur. Au prétexte de célébrer l'anniversaire du jeune souverain, elle s'était donc rendue à Ischl, résidence d'été de la famille impériale, chaperonnée par sa mère la duchesse Ludovica mais aussi en compagnie de sa sœur, la jeune Élisabeth âgée de quinze ans. François-Joseph devait profiter des festivités pour annoncer ses fiançailles avec sa cousine. C'était en fait un secret de polichinelle l'empereur cherchant ouvertement à se marier et ayant été refusé récemment par la cour de Prusse.
Cependant, il tomba éperdument amoureux de la sœur de sa promise, la jeune Élisabeth et négligeant sa parole - ou du moins celle de sa mère - demanda la jeune Élisabeth en mariage. Celle-ci ne put refuser et le mariage eut lieu au printemps 1854.
La jeune impératrice, à peine sortie de l'adolescence et précipitée sans y être préparée dans le monde des adultes mais aussi de la politique fut très malheureuse; de plus, elle culpabilisa d'avoir ainsi pris la place de sa sœur d'autant plus qu'Hélène « désavouée », avait toutes les chances de demeurer célibataire. En effet, elle ne pourrait trouver un parti plus enviable dans le monde catholique.
C'est sans doute pourquoi, sans préjuger des sentiments que nourrissaient les deux jeunes gens, l'empereur -- d'habitude fort sourcilleux sur la qualité des conjoints (Cf; le mariage de l'archiduc héritier en 1900 avec Sophie Chotek) -- poussa son cousin bavarois à faire preuve de largeur d'esprit voire de grandeur d'âme. Il est vrai également que la famille de Tours et Taxis, richissime, menait un train royal.
Bien que la princesse Hélène se plaignit parfois du manque de fantaisie de sa vie à Ratisbonne, le mariage fut harmonieux et le couple eut quatre enfants :
Biographie
Maximilien est le troisième enfant du prince Maximilian Karl von Thurn und Taxis (de) et de sa première épouse née baronne Wilhelmine de Dörnberg.Le 24 août 1858, il épouse à Possenhofen la duchesse Hélène en Bavière, cousine utérine du roi Maximilien II de Bavière et sœur de l'impératrice Élisabeth d'Autriche dont il aura quatre enfants.
Ce mariage ne se fit pas sans difficulté puisque le roi Maximilien II de Bavière refusa tout d'abord à sa cousine le droit d'épouser un prince n'appartenant pas à une maison royale.
Cependant, la duchesse Hélène reçut un soutien important de la part de son beau-frère et de sa sœur, l'empereur François-Joseph Ier d'Autriche et l'impératrice Élisabeth (« Sissi »).
En effet, cinq ans plus tôt, la duchesse Hélène avait été pressentie pour épouser le jeune empereur. Au prétexte de célébrer l'anniversaire du jeune souverain, elle s'était donc rendue à Ischl, résidence d'été de la famille impériale, chaperonnée par sa mère la duchesse Ludovica mais aussi en compagnie de sa sœur, la jeune Élisabeth âgée de quinze ans. François-Joseph devait profiter des festivités pour annoncer ses fiançailles avec sa cousine. C'était en fait un secret de polichinelle l'empereur cherchant ouvertement à se marier et ayant été refusé récemment par la cour de Prusse.
Cependant, il tomba éperdument amoureux de la sœur de sa promise, la jeune Élisabeth et négligeant sa parole - ou du moins celle de sa mère - demanda la jeune Élisabeth en mariage. Celle-ci ne put refuser et le mariage eut lieu au printemps 1854.
La jeune impératrice, à peine sortie de l'adolescence et précipitée sans y être préparée dans le monde des adultes mais aussi de la politique fut très malheureuse; de plus, elle culpabilisa d'avoir ainsi pris la place de sa sœur d'autant plus qu'Hélène « désavouée », avait toutes les chances de demeurer célibataire. En effet, elle ne pourrait trouver un parti plus enviable dans le monde catholique.
C'est sans doute pourquoi, sans préjuger des sentiments que nourrissaient les deux jeunes gens, l'empereur -- d'habitude fort sourcilleux sur la qualité des conjoints (Cf; le mariage de l'archiduc héritier en 1900 avec Sophie Chotek) -- poussa son cousin bavarois à faire preuve de largeur d'esprit voire de grandeur d'âme. Il est vrai également que la famille de Tours et Taxis, richissime, menait un train royal.
Bien que la princesse Hélène se plaignit parfois du manque de fantaisie de sa vie à Ratisbonne, le mariage fut harmonieux et le couple eut quatre enfants :
- Louise (1859-1948) épouse en 1875 Frédéric, prince de Hohenzollern,
- Élisabeth (1860-1881 épouse en 1877 Michel de Portugal, duc de Bragance (1853-1927) prétendant au trône de Portugal,
- Maximilien (1862-1885) sans alliance
- Albert (1867-1952) épouse en 1890 Marguerite d'Autriche.